A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

Le Voyage

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L'Itinéraire présumé. Tout peut changer

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dimanche 24 juin 2007

KKH : de la frontiere pakistanaise, Passu, puis Karimabad : du 10 au 17 juin

KhalidJam soutenu par sa pelle, à l'ombre d'un mûrier gorgé de mures noires admire l'immense vallée verte de l'Hunza. Il semble ne pas se lasser de cette vue à 2000m au dessus de la rivière. Comme tous les soirs depuis de début du printemps, à l'aide de sa pelle, il détourne l'eau des canaux pour irriguer ses champs, puis le travail accompli et à l'instar de nombreux habitants de Karimabad et de Alti, il s'assoit pour regarder cet extraordinaire paysage fait de montagnes gigantesques dont les trois sommets de glace à plus 7500m s'enflamment au coucher du soleil, puis de montagnes de sable et de rochers et enfin , de champs verts et de vergers en restanque irrgués par une multitude de canaux qui détournent l'eau des glaciers qui surplombent la rivière Hunza.

Le spectacle pour le voyageur arrivant de la chine est encore plus magique ! Après avoir quitté le lac karakul, la KKH longe le Musztagh Ata puis traverse un grand plateau avant de remonter à nouveau vers le col du Khunjerab à plus de 4700 m d'altitude que Alexandre avait emprunté, puis les caravanes commerçant avec l'Asie centrale et le sud de l'Asie. C'est du coté pakistannais que provient la légende de la Karakorum Highway.


Après la frontière chinoise, la route redescend et emprunte des gorges profondes pour traverser la chaîne Karakorum. Elle est impressionnante, les falaises sont gigantesques (malheureusement les photos ne donnent rien), les montagnes derrière ces falaises sont colossales, recouvertes de glaciers énormes. Tout est démesuré. Les éboulis de terrains et de rochers endommage la route et les bus tentent à faible allure de poursuivre leur route. Nous n'avons pas pu atteindre Sost par le même bus, la route étant coupée par un éboulement de terrain ayant crée un lac infranchissable. C'est à pied en compagnie d'une japonnais, d'un japonnais de 70 ans et deux de pakistanais très sympatiques que nous avons poursuivi notre chemin et avons récupéré un autre bus quelques kilomètres en dessous. Les commerçants chinois chargés d'énormes sacs, on eut recourt aux porteurs pakistanais venus gagner quelques roupies. Il a fallu attendre près de trois heures pour repartir, et une heure de plus pour récupérer nos deux amis pakistanais qui s'étaient laissés entourés par les eaux en admirant les tracteurs déblayant la route. Arrivés a Sost, Ils nous ont invités à déjeuner, la cuisine pakistanaise est délicieuse !

Après cette incroyable décor, les montagnes s'écartent et apparaît la vallée de l'Hunza avec ses villages de pierre et ses collines vertes.
Le premier village est Passu, véritable havre de paix au bord de la rivière surplombé par de magnifiques montagnes ocres et marrons qui s'élèvent à la verticale au dessus de l'eau.
Les habitants de Passu sont ismaéliens, leurs moeurs sont moins rigides, les femmes sont souriantes, leur voile leur sert plus de châle que de couvre-chef. Elles sont gracieuses. Comme à Karimabad, il y règne une sorte de douceur de vivre, ces habitants sont courtois et policés. Le village est rempli de mûriers et de cerisiers, les enfants y offrent des fruits gorgés de sucre.
Ces hommes et ces femmes à la peau clair, parfois aux yeux bleus et aux cheveux blonds sont tadjiques et parlent un dialecte proche du farsi.

Les treks de Passu nous emmènent vers des ponts suspendus au milieu des villages et des champs ou vers le plus grand glacier du monde après les pôles, le glacier de Batura long de de 60km.
Le trek de Karimabad nous font gravir près de 1800m de dénivelé pour arriver au pied du mont Ultar, et entouré de trois autres sommets à plus de 7500m.

Le dernier treck se fera de Minapin dernier village de la vallée de Hunza, déjà les moeurs se durcissent et les femmes semblent disparaître. Le trek nous emmène au pied du Rakaposhi, montagne de neige et de glace, sans doute une des plus belles montagnes de la Karakorum.

Je pars pour Gilgit, dernière étape de la KKH et point de départ pour le camp de base du mont Nanga Parba, 8125m puis pour Chitral et la vallée Kalash.

Cette route restera parmi les paysages les plus impressionnants de mon voyage et cette vallée de l'Hunza comme une des régions les plus douces.

samedi 16 juin 2007

Chine : KKH : Lac Kara Kul, Tashkurgan : du 8 au 10 juin

L'Asie centrale est une région surprenante par la diversité de ses populations à la fois métissées et très différentes les unes des autres. Après Kashgar, ses Ouïgours et ses chinois, le lac Kara Kul est peuplé de kirghizes reconnaissables à leurs traits mongoles et leur tenue vestimentaire. Les femmes sont habillées de robes colorées brodées de fils argentes, elles portent ici de très longues tresses jusqu'aux reins et des colliers de pièces d'argent descendant le long de leur dos. Les hommes quant à eux portent des pulls brodes d'argent au niveau de l'encolure sous une veste, la casquette a remplacé chez les jeunes le chapeau haut noir et blanc. Tout comme au Kirghizstan, ce sont des cavaliers et des éleveurs, en plus des chevaux, vaches, chèvres et yacks, ils élèvent ici des chameaux résistant au froid et au désert.


Ces Kirghizes sont apatrides, ils n'ont pas de papier chinois ni kirghize, ne peuvent circuler que dans la région du Xin Jiang et ne peuvent donc quitter le territoire chinois, pour cause de ne pouvoir y rentrer à nouveau.

C'est ma première étape sur la fameuse Karakoram Highway, incroyable route qui traverse la chaîne de montagnes du même nom et dont le plus haut sommet est le K2 (8611m), deuxième plus haut sommet après l'Evrest.
Il nous a fallu pas loin de 4 heures pour rejoindre ce magnifique lieu entouré de pâturages puis de hautes collines arides, marons et ocres et finalement de montagnes gigantesques dont le Muztagh Ata atteint les 7543 m de haut.

Au coucher du soleil, sur le bord du lac et devant une jolie yourte, soudain, une caravane de chameaux passe le spectacle est alors vraiment magnifique et inoubliable.

Le lendemain matin, nous sommes partis pour le glacier au pied du mont Muztagh Ata, à près de 4500m d'altitude, impressionnante masse de pierre et de glace, les paysages sont immenses et nous sommes seuls dans cette immensité à l'exception de quelques marmottes et bouquetins.


Nous reprenons la route le lendemain pour Tashkurgan, dernière ville avant la frontière, peuplée de tadjiques, aux traits européens, à la peau clair, aux yeux clairs parfois très bleu parlant une langue proche du farsi. Certains disent qu'ils sont descendants des peuples indo-européens qui ont envahis l'Europe, d'autres qu'ils sont les descendants des soldats d'Alexandre, d'autres encore disent qu'ils sont simplement perses... Le lendemain, mes deux compagnons coréen et americain, feront le chemin inverse pour partir pour Pékin, je repars seul sur cette incroyable route vers le Pakistan, de nouveau vers la rive sud de l'Asie et plus proche de mon but.

vendredi 15 juin 2007

De la frontiere kirghize a Kashgar (Chine) : du 4 au 8 juin

Les deux heures de retard a la gare routière de Osh avaient permis aux commerçants chinois du bus de s'avaler plusieurs bouteilles de vodka. Nous avons pris place dans les couchettes du bus, une trentaines au total toutes les unes a cote des autres. Un des voyageurs chinois derrière moi s'est rapidement mis a ronfler et a me souffler ses vapeurs de vodka.
Le bus s'est élancé dans les montagnes sous la lune presque pleine. C'est vers 5h du matin sous un grand soleil que nous avons atteint les hauts plateaux du Pamir. Les passages de frontière ont pris un temps fou en raison des nombreux bagages et des heures de déjeuner des chinois. Nous avons fini par arriver dans le Xim Jiamg province la plus occidentale de la Chine, les paysages montagneux et desertiques et contrastent avec les montagnes verdoyantes du Kirghizstan.
Les deux chauffeurs m'ont invite a déjeuner, des pâtes délicieuses aux poivrons et aux épices, un bonheur après la cuisine peu apetissante de la plus part des restaurants Kirghizes.

Nous avons finalement atteint Kashgar 20 heures après notre départ.

Les habitants de Kashgar sont principalement des ouïgours et des chinois. Ces derniers envahissent la ville et construisent des quartiers modernes sans intérêt. Mao trône au milieu de la place du peuple. Mais Kashgar reste une ville extrêmement vivante, les ruelles animées du vieux quartiers ouïgour et les nombreux marchés sont un réel plaisir après les villes mornes du Kirghizstan. Les échoppes envahissent les rues animées, on peut y manger, prendre des glaces, faites a partir de blocs de glaces énormes, de crème et de citron. Les fruits sont délicieux, la cuisine ouïgour ressemble a la cuisine Kirghize en bien meilleure et plus diverse, on trouve aussi la cuisine chinoise pas mauvaise non plus.
Les hommes ouïgours portent vestes et casquettes a la manière des années quarante, d'autres plus traditionels portent le bonnet blanc des mulsulmans, d'autres des turbans. Ils ressemblent davantage aux ouzbek, les yeux moins brides et parfois clairs. Les femmes sont habillees de longues robes colorees et sont très jolies. Les habitants de Kashgar sont chaleureux, aiment jouer aux cartes, au billard ou aux dames et vous invitent rapidement a partager leur table.

Avec un américain, Nathan et une petite famille suisse, je suis parti 2 jours dans le désert du Takla Makan ("d'où on ne revient pas"), magnifiques dunes de sable gris, feu et nuit étoilée dans ce désert d'asie, une pensée pour mes étapes égyptiennes et soudanaises déjà bien loin.
C'est avec Nathan et un coréen que nous sommes partis le jour suivant pour faire les premiers kilomètres sur la KKH en direction du Lac Kara Kul.

Kashgar fut mon premier contact avec la Chine, bien éloignée de Hong Kong mais dans le même pays.



vendredi 1 juin 2007

Kirghizstan : du 18 mai au 3 juin


Le Kirghizstan fait partie de ces pays peu connus aux croisements des routes et des peuples, perdus au milieu de géants ou de voisins trop bruyants. Il n'a pas eu d'heure de gloire comme son voisin l'Ouzbekistan, il n'a pas, à l'exception de quelques mines d'or, les richesses du Kazakstan ou du Turkmenistan qui attirent la convoitise des grands. C'est un pays de hautes montagnes (90% du pays est a plus de 2000) dont certains pics dépassent les 7000m, et qui le coupent du monde.

La Russie puis l'URSS ont sédentarisé ce peuple de nomades dans des villes sans âmes et sans histoire, parfois sinistres ou les corbeaux font plus de bruit que les hommes.


Elles ont taché de faire disparaître la culture des minorités diverses qui forment ce pays et tenter de policer ces hommes des montagnes aux manières rudes. Cette couche de culture occidentale faite de langue russe, d'opéras et de ballets sur un peuple venu du nord de la Mongolie à la langue proche du turc laisse perplexe le voyageur.

Le musée national a conservé ses salles dédiées à la gloire du communisme, décrit comme l'accomplissement de la civilisation, malgré les 10 années d'indépendance. Sans doute n'ont ils rien à mettre à la place.
L'URSS a développé un système éducatif relativement performant créant de nombreux diplômés malheureusement sans avenir dans un pays sans travail.

Dans un mélange d'islam renaissant, d'une certaine liberté de moeurs agréable aux occidentaux, et d'un alcoolisme ravageur venu penser les plaies d'un chômage endémique, le peuple Kirghize des villes ne dégage aux yeux du voyageur aucune réelle identité.
La nouvelle bourgeoisie émergeant de l'indépendance exhibe sans discrétion une opulence naissante. Les russes restés après l'indépendance (les plus pauvres) viennent ajouter à cette confusion identitaire.
Il faudra sans doute du temps et des progrès économiques, pour qu'une culture propre émerge de ces villes encore aux allures de ville de province soviétique.



Alors il faut s'échapper des villes, partir pour les magnifiques montagnes du Kirghizstan gorgées d'eau, seule véritable richesse de ce pays pour aller à la rencontre d'un peuple dur, fier et généreux.


On découvre dans les grandes prairies d'altitude des hordes de chevaux laissés en liberté, des troupeaux de moutons, de vaches et parfois de yacks surveillés par des cavaliers aux yeux brides presque clos, au visage rond et aux traits fins, la peau tannée, presque noire, par le froid terrible de l'hiver et le soleil trop fort de l'altitude. On comprend la fascination des envahisseurs sur ces cavaliers hors pair, ou celle de Kessel retranscrite à travers Igricheff, personnage de "Fortune Carrée".




Les jeunes enfants montent sur leur cheval comme sur une bicyclette. On les voit tout jeune surveiller les troupeaux, puis les ramener dans les bergeries, descendre de leur cheval, non sans fierté avec des allures de petits hommes.

La beauté des forets de conifères de Karakol ou de noyers d'Arslambob, ou les immenses prairies de haute montagne, ces pics rocheux enneiges, les lacs parmi les plus hauts du monde sur le bord desquels les yourtes sont montées, et surtout ces hommes éleveurs et cavaliers font du Kirghizstan un pays admirable et inoubliable.

C'est en compagnie de Catia, Anouk et Mathieu, quator de choc, que j'ai eu la chance de rencontrer à Osh, que nous avons grimpé les montagnes à pied ou à cheval profitant pleinement de l'humour québécois de Mathieu. Nous avons vu les belles montagnes de Arslambob et de Karakol, vu les lac Issy Kol et Son Kol, le dernier entoure de montagnes et de prairie immenses remplies de chevaux et de troupeaux que nous avons atteint apres 2 jours de marche.
Je les ai laissés à Bishkek non sans tristesse pour poursuivre mon voyage en direction de la Chine.