A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

Le Voyage

Le Voyage

L'Itinéraire présumé. Tout peut changer

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lundi 4 février 2008

Un An ! et Fin

Aujourd’hui, il y a un an que je suis parti pour ce voyage. Un an que j’ai quitté mon appartement, distribué mes affaires, mes meubles et mes chemises. Un an que j’ai pris la direction du Caire pour rejoindre Hong Kong en passant par la route et la mer.
Je ne voulais pas abandonner avant le passage de la chaîne du Karakorum, je suis arrivé jusqu'à Bénarès par la route. J’ai fini mon voyage en arrivant à HongKong mais n’ai pas atteint le but qu’était d’y trouver un travail.
J’avais quatre étapes que je ne voulais pas manquer : arriver à Djibouti par le train le plus fou, traverser la mer rouge en boutre de Djibouti jusqu'à Moka, voir Ispahan, et traverser la Karakorum. Je les ai fais et j’en suis fier !

Je regrette de ne pas avoir gravi les Montagnes du Siemens en Ethiopie, de ne pas etre aller à Socotra, de ne pas avoir vu le Taj Mahal, d'avoir trop peu vu l’Inde, et de ne pas avoir fini mon voyage par la route. Je regrette de ne pas être resté plus longtemps dans les endroits uniques que le monde moderne ne transforme pas ou peu, chez les nomades du désert, dans les tribus de la vallée de l’Omo, chez les Kalaches ou encore dans quelques temples indiens.

On me demande souvent si ce voyage m’a changé. Je n’en sais rien. Je sais qu’il est difficile de le raconter.

8 mois sur les routes, avec des moyens de locomotion lents, le temps s’arrête et l’esprit se met à rêver, le changement prend son temps. L’éblouissement, la surprise, la lassitude, la curiosité, l’excitation, la peur, la tristesse, l’angoisse, la joie, la tendresse, la fatigue, la satisfaction, la solitude et l’ennui font partie d’un tel voyage. Les rencontres sont nombreuses, parfois très courtes parfois plus longues. La diversité des hommes, des cultures et des paysages est incroyable. On croise aussi la pauvreté, la misère et la richesse excessive. Alors de tout ça, on en est spectateur, on traverse le monde, on croit le toucher mais on l’effleure.

Alors qu’en reste t-il ? Change t-on ? Se connaît-on mieux ? Difficiles questions !
Lorsque je me souviens de mon départ, des images de ces pays, fruits de mon imagination et de mes lectures, ce projet me semblait un peu fou. Je n’étais pas bien sûr d’être à la hauteur. J’avais peur et j’étais existé.
Le départ est peu être le moment le plus fort. Je pense que c’est dans cet acte que réside le principal. Etre capable de tout laisser, de partir avec un sac à dos sur les routes du monde.

Une fois parti, on entre dans un autre univers, celui du voyageur, en particulier lorsque l’on va dans ces pays peu touristiques. La réalité est toute autre. La liberté est énorme mais de nouvelles contraintes paraissent, les angoisses ont d’autres sources, sans doute la solitude ou l’aspect schizophrénique du voyage perpétuel. L’esprit est tout entier ouvert à la diversité. On finit par ne plus comparer ce que l’on voit avec ses origines mais avec ce qui a précède. On s’imprègne de cette différence sans s’en rendre compte. Il faut faire un effort pour s’imaginer arrivant directement de Paris dans un de ces lieux pour en mesurer toute l’originalité.

Le temps aussi perd ses repères, il s’allonge, s’étire. On le sent passer, on le regarde même. L’espace se dilate, son propre monde s’agrandit.

Il faut revenir pour s’apercevoir que l’on a changé son regard sur son propre univers. Ce n’est pas un changement dans sa propre personnalité mais plutôt dans son référentiel esthétique, moral et culturel.

Je ne pense pas être plus libre qu’avant, mon amour pour ma famille et mes amitiés sont restés intacts, mon pays reste le sud.
Je ne sais pas plus qu’avant ce que je veux faire de la de ma vie qu’il me reste. Mais que veut dire "faire quelque chose de sa vie"? Je comprends seulement que le travail et sa position sociale ne sont que des assurances dans la vie mais ne sont pas des buts, je le savais avant de partir.
Je sais aussi que le voyage ne peut être une forme de vie, on n’y construit rien, mais par contre, son ivresse vous manque dès que la vie quotidienne reprend ses droits.

Apres un an sans adresse et sans contrainte, je me surprends à vouloir me poser, bâtir ou créer quelque chose. Mais quoi ? Malheureusement je n'ai pas la réponse!

Je sais par contre, que j’ai eu une chance inouïe de faire ce voyage, de rencontrer tous ces gens qui ont partagé un bout de mon chemin, m’ont aidé ou accueilli. Je suis riche de plein de souvenirs. Je me surprends souvent à rêver d’un lieu ou d’un visage aperçus sur ces routes lointaines, dans cette autre vie.

Ce voyage reste encré dans mon esprit, comme un rêve !

Hong Kong de Septembre a Noel 2007


J’y suis arrivé ! Me voila au bout de mon voyage pas encore au but. Il me faut un job ici pour y arriver.

Je retrouve Lionel qui était venu au Yémen, et Laura venue à Dubaï pour une pose luxe et fête et en Thaïlande. Ca me fait plaisir de les retrouver. Je vais rester trois mois chez Laura.

La ville est surprenante. Sa façade sur la baie est un mur de modernité, les tours d’architecte de verre s’élancent au dessus de la mer. Derrière les tours d’habitations se dressent les unes contre les autres dans les rues étroites de Hong Kong, elles sont étrangement fines, la plupart sont moches, sorte de HLM. La densité de population en fait une ville extrêmement vivante de matin jusqu’au bout de la nuit.
Ici se mêlent modernité et tradition, on y voit aussi bien les grands centres commerciaux luxueux et les magasins plus traditionnels, des échoppes ornées de canards laques qui pendent, aux pharmacies chinoises avec toutes sortes d’animaux sèches, de l’hippocampe au crapaud, avec ses nids d’hirondelle, élixir de jouvence et ses poudres de corne de rhinocéros, viagra chinois.
Les enseignes chinoises se mêlent aux enseignes occidentales les plus célèbres.
La population est une sorte de mélange du monde entier ou la proportion de chinois reste nettement majoritaire. Les Hongkongais forment la classe dirigeante très riches et la classe moyenne, les expatries une classe aisée à part, et les travailleurs du monde entier forment les classes les plus pauvres. On y trouve les Philippines, femmes de ménage, nounous ou prostituées, les Sri lankais, Indiens et Népalais dans les cuisines ou au service dans les hôtels ou encore dans les travaux publiques. Les autres occupent des métiers lies a leur origines, Pakistanais et Iraniens dans les tapis, Français dans le luxe, les restaurants et les bars…
L’image des impressionnants échafaudages en bambou accroches aux gratte-ciel est certainement celle qui caractérise le mieux cette ville, mélange de modernité et reste de traditions.

Il y a beaucoup de chose à dire sur les Hongkongais. Ils sont les plus dépensiers d’Asie, la ville n’est qu’un immense marché. Ils sont superstitieux, ils aiment le jeu, les tripos et les paris. Les bateaux pour Macao sont pleins le week-end, les chinois envahissent les casinos pour y perdre leur salaire. Macao a dépassé Las Vegas en terme de chiffre d’affaire, les casinos y poussent comme des champignons. La ville portugaise disparaît peu a peu a l’exception de quelques rues épargnes par les promoteurs mais le portugais reste une langue officielle et la cuisine et le vin verte ont aussi résisté. Il y a règne indiscutablement un parfum latin.

L’autre charme de Hong Kong est l’archipel d’îles qui l’entoure. A une heure de bateau on se retrouve dans des petits ports de pêche, parfois sur pilotis. On y mange des crustacés et des poissons cuits dans le soja.
Les plages de Hong Kong sont à 10 minutes du centre sur la face sud de l’Ile. Elle est une des rares villes au monde où l’on croise des surfeurs dans le metro après une journée sur les vagues de Big Waves bay, plage au nom bien prétentieux.


HongKong c’est aussi la ville de la copie. On y reproduit tout, de la fête de la bière avec ses chinois en Bavarois ou les fêtes écossaises et ses chinois en kilt et jouant de la cornemuser, prodigieux ! Mais peu a peu on sent naître une culture qui leur est propre, le cinéma Hongkongais en est la preuve.

La vie y est facile pour les expatries, le prix des appartements est cher mais le reste est nettement plus abordable que Paris, les taxis coûtent rien, les restaurants populaires sont donnés. Tout est simple et rapidement la ville vous accueille et vous parait d’un coup beaucoup plus petite. Le rythme se met en place, fetes, randonnees, sport, week end a Macao, Shen Zhen.. L’insécurité est inexistante pour ceux qui n’ont pas de démêlés avec la mafia.

Mais HongKong est avant tout une ville d’argent et de business, tout le monde veut gagner et gagner toujours plus pour depenser plus. On se prendrait facilement pour des entrepreneurs tellement l’ambiance s’y prête.


Apres trois mois dans cette ville surprenante à la recherche d’un job, le temps commence à être long et l’Europe se met à me manquer de nouveau.

Au revoir

Ma Grand-Mère nous a quitté quelques jours après mon retour. Malheureusement je ne l’ai pas revue. Elle est partie avec ses souvenirs et ses secrets.
Elle me manquera toujours.

Le Sud de la France Septembre 2007


Paris Charles de Gaules, il est 6 heures ! Plein d’excitation, je me dirige vers St Germain, j’achète un journal puis me dirige rue Jacob pour un café crème et un croissant, le ciel se lève et un rayon de soleil vient éclairer les façades 18eme de la rue.
Sentiment étrange de se retrouver au point de départ après une si longue route.
Je ne resterai pas longtemps à Paris, je n’y ferai pas d’exposition, pas de cinéma français, je me limiterai a prendre une cuite avec mes amis de toujours dans un bar de nuit.

Finalement, c’est vers le sud que je me dirige, mon pays, ma terre, mes racines.
Je rentre donc à Toulon. Un mois de repos, de famille, de long repas, de rosé et de week-end en Provence.

Je passe un Week-End en Arles avec Sibylle, corridas magnifiques, randonnée à cheval en Camargue. Voyage au coeur des traditions de la Provence, un vrai bonheur!


C’est dans mon pays que j'ai retrouvé l’énergie de repartir vers Hong Kong, l’envie de travailler et construire à nouveau.

jeudi 10 janvier 2008

Thailande du 22 juillet au 13 Aout 2007

Il y a des moments où des rencontres vont être décisives pour vos décisions. Allégé de 8 kilos après une semaine d'une violente turista, bien décidé à partir pour Katmandou pour refaire mon visa indien malgré ma fatigue, mon billet de bus en poche, je rencontre un touriste au comptoir de mon hôtel de Bénarès. En quelques mots, il va faire s'effondrer les faibles motivations qu'il me restait: " vous étés fou, la route est très dangereuse par temps sec, mais là avec les averses c'est de la folie. En plus vous en avez pour 48h, au regard de votre forme physique ça va être un enfer, je vous conseille fortement de prendre l'avion". Il ne m'en a pas fallu plus, pour faire une pause dans mon voyage, de prendre l'avion non pas pour Katmandou mais pour les plages de Thaïlande, bien décide à retrouver la forme et à quitter les violentes chaleurs humides de l'Inde. L'impossibilité de traverser les frontières ou la mer pour rejoindre la Thaïlande à partir de l'Inde était le dernier prétexte à cet abandon.

Me voila donc parti pour la Thaïlande.

A l'arrivée à l'aéroport de Bangkok, je mesure à quel point mon voyage a changé. Les touristes arrivent par milliers. Tout est simple, je m'arrête à une agence de voyage, quelques heures plus tard, je serai à Kho Tao. Au départ de Bangkok, on me colle un pin's sur mon tee-shirt, et à partir de là on me transféra de l'aéroport de Kho Samui à un bus, puis à une embarcation pour atteindre cette petite île du Golf du Siam. Quasiment plus d'autochtones, je me retrouve qu'avec des touristes, je me sens en plein décalage.
Pourquoi Kho Tao ? Tout simplement parce qu'un voyageur m'avait dit lors d'un autre voyage que c'était encore un endroit authentique. Malheureusement je me suis retrouvé avec des centaines de touristes, toutes les plages y sont couvertes de bungalows mais restent assez belles.
Alors, je cherche à me reposer, massages, plongée, ballades... Mais il n'y a plus d'aventure.

Après une semaine à Kho Tao et un week end avec Laura a Kho Samui, je m'en vais à Krabi pour rejoindre Railay sous les conseils de Hollandais. A nouveau, je me retrouve avec mon pin's et parti pour une journée de bateau et de bus pour arriver sur les rives du Golf Andaman, toujours aussi peu de Thaïlandais dans ces transports.

L'endroit est très beau, sorte de bras de sable bordé au Sud d'une belle plage et au nord d'une grande baie et toutes deux termines par de magnifiques pains de sucre aux couleurs ocres et couvertes d'une végétation luxuriante.
Je me repose, mange 5 repas par jour pour essayer de reprendre du poids, sans succès. Je me suis mis à l'escalade, sport favori des touristes de Railay. A part quelques amis palestiniens, je n'arrive plus à jouir de ce voyage. Je me sens fatigué et sans énergie pour repartir. Après de longues hésitations, j'ai fini par abandonner et prendre un billet d'avion pour Hoing Kong. Mais c'est en France que j'arrive finalement.

Ce n’est pas facile d’arrêter, mais j’ai atteint l’objectif minimum que je m’étais fixe : Passer la chaîne du Karakorum.

Je suis fier d’être arrivé jusqu'à là et d’avoir fait ce merveilleux voyage.