A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

Le Voyage

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L'Itinéraire présumé. Tout peut changer

France - Egypte - Soudan - Ethiopie - Djibouti - Yemen - Oman - EAU - Iran - Turkménistan - Ouzbékistan - Kirghizstan - Chine (Turkestan Chinois) - Pakistan - Inde - Nepal - Bhoutan - Birmanie - Thailande - Cambodge - Laos - Vietnam - Hong-Kong

samedi 19 mai 2007

De Tashkent a la frontiere Kirghise

Ilham ne buvait pas mais Akram avait déjà levé son verre lorsque Rano, les joues rougies et le maquillage devenu imprécis se concentrait pour énoncer son toast. C'était au moins le 10eme verre de vodka que j'allais avaler cul sec.
En effet ma promesse de Samarcande n'avait pas tenu plus de deux jours. Ilham avait partagé le même taxi que moi de Boukara à Samarcande. Je l'avait appelé le lendemain de mon arrivée à Tashkent pour voir la ville accompagné d'un Ouzbek. Lui et son cousin Akram m'ont donc sorti deux soirs de suite dans les restaurants animés de la ville. Je n'ai jamais pu sortir un centime ou payer une tournée, comme je n'ai pu en refuser une seule.

Les ouzbeks aiment la fête, dans tous les restaurants ou nous sommes allés, les clients se sont mis à danser, les femmes ondulant des fesses et des seins comme dans les danses orientales, imitant la sevillane espagnole avec leurs mains et oscillant la tête comme les chinoises.
Les vieux comme les jeunes se trémoussent sur la piste, puis retournent à leur table porter un nouveau toast à leur amitié éternelle. Étant le seul étranger, j'ai eu droit à porter des toasts avec la moitie des tables en l'honneur de l'amitie franco-ouzbek ou en l'honneur de mes nouveaux amis. Ma promesse de Samarcande n'était vraiment pas tenable.


C'est donc vaseux que j'ai visité Tashkent, grande ville de l'Asie centrale, avec ses grandes avenues staliniennes très peu construites, ses grandes places avec leurs monuments néoclassiques, ses barres de HLM, son magnifique métro et ses grands parcs. Les ouzbeks à l'instar des Iraniens et des Turkmènes sont définitivement des planteurs d'arbres et des faiseurs de jardins.
Il n'y a pas vraiment de centre ville, le seul endroit vraiment animé est autour de la place de Tamerlan ou trône une énorme statue le représentant à cheval.
Les classes moyennes ouzbeks s'enrichissent semble t-il assez vite mais les plus populaires semblent souffrir d'un chômage important, les places de grève ne désemplissent pas. Les plus pauvres regrettent le temps des soviétiques et du plein travail et l'inflation nulle. Leur condition de vie s'est semble-il dégradée depuis l'indépendance. La corruption des employés de l'administration et de la police ajoute à la difficulté de maintenir en activité les petits commerces que certains tentent de monter.

C'est accompagné de Christophe et Maylis, joli couple en voyage sur la route de la soie, que j'ai grimpé dans la voiture de Doueroya en direction de Fergana, ville qui donne son nom à l'une des plus fertiles vallées agricoles de l'Asie centrale, dédiée dans les années soviétiques à la la culture intensive du coton.
C'est sous la pluie à 120 km/h, sur une route pleine de nids de poule, le portable dans la main gauche, mon appareil photo dans la droite, en insultant les conducteurs ouzbeks qui ne se rangeaient pas sur le coté, sans omettre de leur faire un joli signe de la main que pendant 4 heures, D. nous a raconté sa vie de deuxième femme d'un homme riche qui en était déjà à sa quatrième épouse. Ses allocations ne lui permettant pas de vivre correctement, elle faisait du commerce de tout sorte entre Fergana et Tashkent, engraissait les policiers du trajet et menait son commerce d'une main de fer. Sacrée femme !

J'ai pris la route le lendemain matin pour Osh, bus puis taxi collectif, puis à nouveau bus. Un fois de plus on m'a dit de me méfier des Kirghises... Le passage de frontière s'est bien passé et dans le calme. Arrivé au Kirghistan, j'ai eu vraiment le sentiment de m'enfoncer davantage en Asie. PS : Il va falloir patienter pour me voir danser avec les belles ouzbeks. Mes photos de fete ont ete effaces par erreur...

mardi 15 mai 2007

Boukara et Samarcande du 5 au 12 mai

A la sortie de la frontière Ouzbek, les chauffeurs de taxi s'agglutinent autour de moi, me tirent par le bras vers leur propre taxi puis se disputent en hurlant. Décidément je n'aime pas les chauffeurs de taxi.
Je finis par monter dans un, puis me retourne pour saluer les autres passagers. Trois énormes sourires plein d'or répondent à mon salut. Ce sera une des images que je garderai de l'Ouzbekistan.

En Ouzbekistan, je suis réellement rentré en Asie. La population est le résultat d'un métissage millénaire entre perse, turc, arabe, grec, mongole et chinois auquel se sont ajoutes les Russes plus récemment et les Coréens après la guerre. Il est impossible de définir le visage d'un ouzbek. Je dirai qu'il a les yeux légèrement à très brides, les cheveux bruns raides, l'arrière de la tête est plat mais il n'a pas le nez aplati des chinois. Les femmes ont des allures d'eurasiennes ou parfois de tziganes. Elles sont mignonnes jeunes mais la vie ne les épargne pas.
La majorité des ouzbeks mariées portent une robe fleurie au dessus d'un caleçon long du même tissu, souvent synthétique, dommage pour un des premiers producteurs de coton. Les têtes sont couvertes de foulards tout aussi colorés.
Les hommes sont rarement habillés de façon traditionnel, par contre ils portent souvent une sorte de bonnet brodé. Comme dans tous les pays, les classes plus aisées sont habillées à l'occidentale.On sent bien que l'on est ici au carrefour des peuples d'occident et d'orient. Ici s'est arrêtée la progression des arabes, mais aussi de la religion bouddhiste. Ce lieu a bénéficié de sa place stratégique pour développer des villes commerciales riches et prospères laissant un patrimoine historique important et très beau. Boukara et Sarmarcande sont les deux joyaux épargnés par l'histoire.

Je me suis arrêté quelques jours à Boukara, les places et les bassins en font un endroit charmant et agréable même avec les touristes qui s'y agglutinent. Les Madrasas, les caravansérails et les mosquées sont parfois remarquables. Dans leur majorité elles ont été construites sous le regne des Shaybanids qui en firent leur capitale.
Les soviétiques ont tenté d'éradiquer l'islam, les madrasas ne sont plus que des lieux de ventes de tapis et de souvenirs souvent assez moches, il en est de même pour certaines mosquées. La ville prend un peu une allure de ville musée. Ces lieux n'ont donc pas l'atmosphere des madrasas pleines d'étudiants et des mosquées Iraniennes.

Christophe, un voyageur belge, m'a tenu compagnie pendant quelques jours et a fini par partir pour Tashkent suite à une morsure de chien. J'ai pris conscience de ma chance jusqu'à maintenant de ne pas avoir eu de problème de santé, les problèmes de communication et les lieux parfois insalubres des hôpitaux dans ces pays peu développés (bien que l'URSS ait permit le développement de nombreuses infrastructures et de la formation de médecins) peuvent entraîner une réelle angoisse que seul le retour à la maison permet de soulager.

Au bout de cinq jours, j'ai fini par émerger de ma léthargie et repris ma route vers Sarmarcande.
Sarmarcande est une ville relativement moderne et agréable. Les russes y ont construit des maisons de style victorien, les avenues sont très larges et bordées de grands platanes. La vieille ville n'a pas beaucoup d'intérêt mais quelques ruelles conservent un certain charme avec de vieilles maisons typiques.
Tamerlan a laissé ici quelques uns des plus beaux monuments Islamiques de l'asie centrale. Il est parfois curieux de voir cet homme qui fut un des conquérants les plus meurtriers de l'histoire mais aussi un des mécènes les plus avisés de son temps. Il est aujourd'hui vénéré par les Ouzbeks, l'unité du pays a été en partie construite autour de son mythe depuis l'independance.

Le Régistan reste le monument le plus connu avec ses trois magnifiques madrasas, on imagine le lieu rempli de commerçants, de chameaux, venus de la route de la soie. Les touristes ont remplacé ces marchés colorés. Le couche de soleil se reflete dans la façade est qui devient alors entierement dorée.

Le plus beau des monuments est pour moi le Shahr-I-Zindah, les mausolées de la famille et des favoris de Tamerlan. Les mausolées s'enchaînent le long d'une ruelle sur une petite coline, 15 coupoles se dressent au dessus, les murs sont en brique couleur sable et les façades sont recouvertes de céramiques très fines d'un bleu intense. C'est un vrai chef d'oeuvre.

Un jeune étudiant, d'une famille juive de Samarcande s'est proposé de me faire découvrir la vie nocturne. Nous avons commencé par un bar de blues, assez sympa occupé par la jeunesse russe, coréenne et arménienne puis avons enchaîné par une boite de nuit dans un sous-sol, les mêmes venaient s'enivrer de Vodka sous une musique à la fois ouzbeks et de pop internationale un peu ringarde. Très peu de femmes Ouzbek semblent sortir ici.

J'ai quitté Samarcande avec une gueule de bois terrible, en me promettant de ne plus y touché, promesse non tenue...

lundi 14 mai 2007

100 jours deja

100 jours deja !
J'ai traverse 10 pays, certains au pas de course d'autres plus lentement et parcouru plus de 11 000 kilometres. J'ai dormi dans des bouges et des hotels de luxe. J'ai mange tout ce que l'on m'a propose dans les echoppes au bord des routes ou dans les souks sans jamais etre malade. J'ai voyage dans des trains vieux et sales, dans des bus deglingues et des bateaux de bois, mais aussi dans des trains luxueux, des bus modernes, et j'ai toujours ete accueilli par les autres voyageurs.
J'ai pris tellement d'adresses email que j'en oublie parfois les proprietaires.
Je me suis bagne dans le lac nasser, la mer rouge, la mer d'arabie et dans le golfe persique. J'ai traverse la mer rouge et le detroit d'Ormuz. J'ai vu les sources du Nil.
J'ai traverse des deserts et des montagnes hautes de 4500m et des plaines immenses. j'ai vu des peuples ou les femmes se cachaient derrriere des voiles noires, j'ai vu des femmes se promener nues. J'ai vu des peuples tres pauvres, d'autres oppulants, trop peu.

J'ai vu les plus belles femmes du monde en Ethiopie et les plus beaux yeux aux Yemen. J'ai deteste Oman et ses Pizza Hut, la folie de Dubai m'a amuse. Les Iraniens m'ont surpirs par leur modernite derriere leur masque de l'Islam.

J'ai vu des splendeurs faites des mains de l'homme, les pyranides d'egypte et les temples de Karnak et Abou Simbel, les eglises d'Ethiopie, les montagnes sculptees en terrasse du Yemen et leurs villages perches, les gratte-ciels de pise de l'Hadramout et les gratte-ciels de Dubai, j'ai vu la sublime Ispahan et la magnifique Samarcande. J'ai vu des horreurs construites par l'homme ou plutot par le desir megalomane de certains hommes tout puissants.

J'ai vu des deserts inoubliables, le blanc d'Egypte et les dunes du Soudan. J'ai toujours aime les peuples qui y vivaient.

J'ai vu une nature magnifique en Ethiopie, des animaux sauvages et des hommes libres et fiers.

J'ai croise des gens heureux de rien, d'autres tristes et seuls, ayant perdu leur famille de maladie ou dans un tremblement de terre. J'ai vu des enfants rire et d'autres mendier sous une pluie violente avec un sac de plastique pour parapluie. J'ai vu les carnages des maladies disparues chez nous.
J'ai vu les femmes travailler sans relache dans tous les pays. Soyez heureuses mesdames de vivre en nos pays d'occident.
J'ai vu des peuples aux couleurs de peau et aux coutumes differentes, tous fiers de ce qu'ils etaient. Tous m'ont accueilli avec gentillesse, tous m'ont aide quand j'en avais besoin.

Je me suis saoule a la vodka ouzbek, a l'alcool de miel Ethiopien et aux coktails de Dubai, je me suis enivre de Qat d'Ethiopie et du Yemen. Mais je n'ai pas goute a l'opium d'Iran.
100 jours, c'est aussi long. Ma famille et mes amis me manquent. Les bieres du vendredi soir entre pots, les terrasses de Paris, le printemps dans le sud, les diners a la maison, les dejeuners chez Gregoire, les aperos fait de bons vins et de kemia de JM&MC, les repas chez Jean et Brigitte, la mediterranee, sa lumiere et sa douceur de vivre.

Merci a ceux qui me laissent des messages sur ce blog, Christilla, Isabelle, Alice et Malthilde et tous les autres.
Je poursuis mon voyage toujours aussi motive et curieux de ce que je decouvre et des gens que je rencontre. Encore quelques jours a Tashkent et je pars en direction de l'Himalaya ! En plus je ne pars plus tout seul, je me suis fais quelques copines...

J'aurai prefere celles la...




vendredi 11 mai 2007

En route vers l'Ouzbekistan


Mohamed avait 7 ans lorsque son arrière grand-père est mort. Une profonde affection liait le vieil homme à cet enfant. Mohamed, l'ancien, aimait l'aine de sa lignée, il lui avait appris à faire des pièges pour les oiseaux, tirer au lance-pierre, pécher dans les rivières. Il lui avait aussi enseigné les alphabets arabe et cyrillique, si bien qu'en arrivant à l'école ses professeurs furent surpris par les connaissances de ce jeune enfant, mais pas si surpris lorsqu'ils surent de qui il était l'arrière petit fils.
En effet, le vieil homme était respecté dans son village pour sa générosité, sa sagesse et ses réelles convictions religieuses. Au retour de la guerre, il n'avait pas hésité à distribuer ses biens pour venir en aide à ses amis, ses voisins et les autres villageois. Il avait passé sa vie ainsi, à dépenser ce qu'il gagnait comme si ça ne lui appartenait pas. Il était vieux et ne possédait presque rien malgré les succès et les bonnes affaires dont ils avaient jouis durant toute sa vie.
Mohamed aimait se promener avec lui, une grande fierté l'habitait quand les passants saluaient avec déférence cet être cher qui lui tenait la main.
Un matin, le vieil homme se leva fatigué, les articulations plus raides et douloureuses que d'habitude, les travaux d'une longue vie de labeur avait eu raison de la souplesse et la vivacité de son corps pour solide et résistant. Une grande lassitude envahissait son être tout entier.
L'enfant comme tous les matins venait saluer son arrière grand-père. Ce matin la, le vieil homme lui dit : "Mohamed, il est temps pour moi de mourir, j'ai travaillé toute ma vie, si durement et depuis l'âge de 8 ans. Mais je ne peux pas mourir aujourd'hui car je dois encore t'apprendre ce que la vie m'a appris. Il faut que tu me promettes de ne jamais oublier ce que je vais t'apprendre sur la vie, les hommes et dieu".

Et ainsi tous les matins, le vieil homme se levait toujours plus fatigue et plus las, mais tous les matin il répétait ces phrases a son arrière petit fils : "Mohamed, il est temps pour moi de mourir. Mais je ne peux pas mourir aujourd'hui car je dois encore t'apprendre ce que j'ai appris dans ma vie. Il faut que tu me promettes de ne jamais oublier ce que je vais t'apprendre sur la vie, les hommes et dieu".
Il asseyait l'enfant près de lui et lui transmettait son savoir et sa sagesse.
Il lui apprit que ses ancêtres furent massacrés à Merv. Il lui expliqua que Merv était alors une ville immense et splendide, qui possédait plus de 200 Madrasas, de magnifiques mosquées, et que tous les voyageurs et commerçants admiraient sa beauté. Il lui raconta comment Genghis Khan, célèbre conquérant mongole exigea de ses ancêtres un tribu exorbitant d'or et de grain mais surtout les plus belles jeunes filles de la ville. Ses ancêtres s'opposèrent à cette demande. Pendant trois, il n’entendirent plus parler de Genghis Khan. Un matin, Tolui, le plus brutal des fils de Genghis Khan arriva au porte de la ville à la tete d’une armée brutale venue rayer Merv de la carte. Les soldats mongoles envahirent les rues et tuèrent un à un ses habitants, détruisant les palais et les mosquées. Chaque soldat tua chacun, au sabre ou au couteau, plus de 300 habitants, hommes, femmes ou enfants.
Les quelques rescapés revinrent dans la ville dévastée, n'eurent pas le temps d'enterrer leur morts, que leurs tortionnaires réapparurent pour achever ce qu'ils n'avaient pas terminé. Il lui raconta comment, le sultan Sanjar mourut d'un arrêt du coeur quand il apprit l'horrible ravage. Le mausolée de cet homme trône aujourd'hui au milieu d'une immense étendue entourée des vieux murs toujours debout de Merv, comme pour rappeler au monde ce qu'il s'est passe ici.
Mohamed l'ancien lui enseigna aussi la générosité, lui expliquant que les biens sont le fruits du travail mais non sans la volonté de dieu. "Dieu donne ou reprend. Le fruit du succès ne t'appartient pas, il doit servir ta famille, tes amis et tes voisins. Alors Dieu t'en donnera à nouveau. Il en a été ainsi pour moi".

Et ainsi pendant trente jours, Mohamed l'ancien enseigna Mohamed le jeune, lui faisant promettre de ne rien oublier. Le trentième jour, le vieil homme eut du mal à se lever, il appela son arrière petit fils et lui dit : "Mohamed, il est temps pour moi de mourir. Mais je ne peux pas mourir aujourd'hui. Il me reste une dernière chose à t'apprendre".

Alors il prit son souffle et réfléchi quelques instants comme pour chercher les mots justes et raconter à cet enfant ce que depuis si longtemps son esprit et son âme gardaient enfoui au fond de lui même.
"Mon petit et très cher Mohamed, ce que je vais te dire est la chose la plus dure que j'ai à te conter. Il est dans la vie d'un homme des périodes sombres dont il doit se libérer avant de mourir.
Je t'ai déjà raconté la grande guerre dans laquelle je me suis enrôlé pour défendre l'URSS. J'étais fier de partir et de me battre pour cette nation. J'ai laissé ma famille non sans bien, nous avions certainement le plus grand troupeau et les meilleures terres de la région."

Le vieil homme raconta la guerre, puis dans le détail la défense de Stalingrad, le froid, la faim, la boue et la peur de la mort mais aussi le courage de certains, la force de caractères d’autres sur ces champs de bataille.
Puis il repris "Mohamed, j'ai tué des hommes, de nombreux hommes sans compter et sans jamais le regretter. Nous avons eu plein des victoires, puis nous avons avancé, toujours plus vite pour arriver les premiers à Berlin. L'euphorie de la victoire nous rendait fous.”

Le vieil homme s'arrêta un long moment, puis reprit :
"Un soir, je marchais dans une ruelle de Berlin, nous avions bu, trop certainement pour oublier. J'entendis un tir, enfin je crois me souvenir de ce tir dans les vapeurs de l’alcool. Je décidai de monter, mon arme à la main. Je forçai la porte d'un appartement, alors j'aperçus une femme qui hurla à ma vue, de terreur ou de fureur. Je n’eus pas le temps de réfléchir, que je pressait déjà sur la détente et tirai sur cette femme sans défense. Elle s'effondra aussitôt sur le sol, je vis alors de visage jeune et beau que je venais de tuer.
Mais il s'ajoutait à tous les autres, c'était la guerre, nous n'avions pas remord.”

Le vieil homme avait le visage crispé par le souvenir, les yeux plus fatigues encore, le teint livide. Il reprit son souffle et dit :
“J'allai pour partir, quand j'entendis derrière moi des pleurs d'enfant. Je me retournai et je vis alors un enfant pas plus vieux que toi, Mohamed, qui tenait une arme à la main et me visait, ses yeux bleus plein de larmes.
L'enfant me visait le doigt sur la gâchette, je ne pouvait bouger. Toute ma vie a défilé en cet instant, le visage de cette femme étendue et la vie que je venais de lui prendre, tous ces hommes que j'avais tués, tout le mal que j'avais fait. Cette arme et ces yeux plein de larmes, étaient pour moi comme le reflet de ma conscience.

L'enfant n'a pas tiré, il a baissé son arme. Je suis resté quelques instants immobile et pris conscience que dieu venait de me rendre la vie. Seul dieu pouvait arrêter cet enfant. Je suis parti. J'ai rangé mon arme et quelques jours plus tard j'ai pu rentrer chez moi. Je n'étais plus le même homme, j'avais une dette envers Dieu.
J'ai distribué mes biens aux plus pauvres, les veuves, aidé le village à se reconstruire sans ses hommes et les gens à revivre. J'ai passé ma vie à gagner de l'argent et à le donner aussitôt pour aider les gens qui m'entouraient certainement pour me racheter de cette soirée dans les rues sombres de Berlin.
Ses lèvres étaient sèches, mais le visage s’était détendu, il reprit :
“Sache, Mohamed, seul Dieu donne la vie. Prie chaque jour pour le remercier de sa bonté envers toi. Ce que l'horreur m'a appris je voulais te l'apprendre pour que tu n'aies jamais a souffrir de tes actes."
Sur ces dernières phrases, le vieil homme serra tendrement la tête de l'enfant et lui : "Mohamed je t'ai enseigné tout ce que la vie m'avait appris, ne l'oublie jamais. Maintenant, je peux mourir en paix".

Le lendemain matin, le petit Mohamed trouva son arrière grand-père, étendu dans son lit et sans vie.


Le visage de Mohamed était rempli de larme, il s'excusa de son émotion. Nous arrivions à Farab. Il gara sa voiture, une amie, certainement intime, nous conduisit à un magasin de photo pour imprimer la photo de nous deux devant le Mausolée du Sultan Sanjar, puis ils me déposèrent à un taxi pour les derniers kilomètres jusqu'à la frontière ouzbek.
Je traversai la frontiere sans grande difficulte au milieu de femmes hurlant et se disputant les bras charges de sacs et sous un soleil de plomb. Deux heures apres j'etais a Boukara, heureux de me reposer quelques jours apres cette course en Iran et Turkmenistan.


mercredi 9 mai 2007

Turkmenistan du 4 et 5 mai

Nous avons quitté la fontière au milieu de montagnes vertes que nous avons descendues jusqu'à la grande plaine de l'Asie centrale. Le Turkmenistan n'est qu'une vaste étendue plate faite de déserts et d'oasis dans lesquelles les 4 villes ont été construites. 4.5 millions de personnes vivent au dessus d'une des réserves de gaz les plus importantes au monde.
La population est un mixte entre Turkmène, grand brun, les yeux un peu brides, et les blondes russes aux jeans tailles basses et nombril a l'air.


La seule ville qui mérite une certaine attention est la délirante Ashgabat, ville entièrement dédiée a la glorification de son dictateur de créateur, mort depuis quelques mois mais toujours bien présent. La ville est étalée sur plusieurs kilomètres mais semble en partie vide de population. Les avenues encore plus larges et toujours aussi peu de voitures. Elles sont bordées d'immenses palais néoclassiques recouverts de plaques de marbres blancs et de dorures, devant lesquels trônent \un immense portrait ou une statue dorée de Niyazov. Les moments de la villes sont des tours a la gloire du dictateur sur lesquelles des gigantesques statues le représente les bras ouverts vers le peuple.
Néanmoins, l'urbanisme semble avoir été pensé, larges avenues bordées d'arbres, grandes places, multiples parcs, unité dans l'architecture. Malheureusement, au dela de la glorification ideuse du dictateur, Ashgabat reste une ville d'un gout douteux et semble désespérément vide. Mais qui sait, peut être que dans mille ans, Ashgabat sera considèrée comme un des chef d'oeuvres du 21eme siècle.

Le pouvoir maintient les salaires extrêmement faibles malgré la richesse du pays mais les biens de consommations ne coûtent rien. Le plein d'essence coûte 2 dollars, un pain, un coca coûtent 5 cens, un repas 1 ou 2 dollars . Les turkmènes vivent décemment et très simplement mais ne peuvent sortir de leur pays. Un taxi pour faire 300 kilomètres coûte 15 dollars, s'il est collectif 5. Seuls les hôtels paraissent relativement chers.

2 grosses colonnes encadraient l'entree de mon hotel. Le vaste hall gardait le charme d'un passe plus glorieux avec son un immense escalier. La reception tenue par une grosse russe trop maquillees aux mains boudinees dans des bagues trop petites n'etait qu'un vieux comptoir duquel depassait cette tete blonde et desagreable. Au premier etage, une autre russe toute aussi grosse mais volubile, les bigoudis dans les chevaux m'a accompagne jusqu' a ma chambre, immense. Les lampes ne marchaient pas quand elles etaient encore debout, les lits sales et defonces, la salles de bains avec une douches sans eau et un lavabo sans robinet, le tout recouvert de tatres et de crasse. Les toillettes ne fonctionnaient pas plus. Mais le tout gardait un certain charme d'empire sovietique effondre.

Après 24h dans cette ville démente, je suis parti pour Mary, ville triste et moche, construite par les soviétiques ans les années 60. L'endroit était trop glauque pour y passer une nuit, j'ai donc négocié avec un taxi pour partir vers la frontière en faisant une escale a Merv, le prix du taxi étant moins cher que la chambre d'un hôtel glauque.

Me voila parti pour l'Ouzbekistan.

Iran - Teheran - Mashad 2 au 4 mai


J'ai quitté Ispahan tôt le matin. Après 4 heures de routes dans un desert aride encerclé de falaise ocres, je suis arrive dans cette ville moderne au pied d'une montagne encore enneigée. La ville est bruyante et active. Les rues grouillent de voitures et de motos. Je n'ai que 24h ici. Je n'aurais malheureusement pas le temps de rencontrer les contacts que Cyrus et ses amies m'ont donnes, je n'aurai pas le temps de connaître l'autre face de l'Iran.
Je n'aurais pas le temps d'accepter l'invitation d'une iranienne a aller skier pour le weekend.
Je verrai que les parcs de Téheran, les rues animées, le musée national et les quartiers des ambassades. Pas moyen de changer les dates de mon visa Turkmène.
Je traînerai dans le café Naderi ou de jeunes iraniens et iraniennes viennent déjeuner ou boire un thé, on sent encore ici, que l'islam Iranien est plus libéré que celui des autres pays que j'ai traverses. Les jeunes n'ont pas peur des contacts physiques, et de partager leur table.
Les touristes n'aiment pas Teheran, mais j'ai bien aime son animation en comparaison du calme des villes provinciales. Les nuits ne semblent pas très animées mais une autre Teheran existe, je ne la verrai pas.

Je suis parti le lendemain soir, par un train luxueux pour Mashad en compagnie de deux français Martial et Anne en voyage de noce sur la route de la soie jusqu'à fin août. Le train était impeccable, le service excellent, la cuisine bonne. Arrive a Mashad le 4 au matin, j'ai eu le temps de voir le sanctuaire de l'imam Reza, un des lieux les plus saints de l'islam Chiite. Les Iraniens y viennent par million chaque année.
J'ai trouve un bus pour la frontière Turkmène. Quelques passagers vêtus de pantalons bouffants, de calottes blanches et portant la barbe longue, le visage plus anguleux partageront mon voyage.
Après 3 heures, un ancien policier faisant parti du voyage, prend soin de trouver un taxi pour les derniers kilomètres de montagne. Il prend le numéro d'immatriculation du taxi et mon nom, histoire de me rassurer. Le taxi s'avèrera très sympa tique et très drôle, il m'embrassera en partant.
La frontière est une sorte d'immense bâtiment planté dans la montagne, la sortie d'Iran se fait sans difficulté, on me demande ce que j'ai pense de l'Iran et ce que j'en pensais avant de partir. On me souhaite bonne route en me disant de faire attention aux Turkmènes, ces derniers me diront la même chose des Ouzbeks.

Deux jeunes soldats aux yeux brides m'accueillent du cote Turkmène, me souhaite la bienvenue, après le passage de quelques secondes chez le médecin, je passe la douane sans difficulté et embarque dans une navette vers Ashgabat. Une frontiere de plus et contrairement a ce que l'on m'avait dit, les douaniers et les policiers n'ont pas essaye de m'extorquer quelques dollars.

lundi 7 mai 2007

Iran : Ispahan du 29 au 1 mai

Ispahan est a la hauteur de sa réputation. Il y a peu d'endroits qui suscitent tant d'admiration. L'art Islamique de l'Asie centrale a atteint ici son apogée. Ispahan n'est pas charmante comme d'autres villes historique, elle dégage la puissance de l'empire de son créateur, Shah Abbas le Grand mais dans la mesure, l'harmonie et l'élégance d'un art abouti et sublime.
La place de l'imam est une pure merveille et ses deux mosquées deux chefs d'oeuvre de l'humanité, l'une est presque sobre, l'autre est majestueuse.

Les palais d'Ispahans sont luxueusement decores de fresques, de colonnes de bois et plafonds scultes ou peints. Ils ne sont pas pretentieux exterieurement, ils ont plutot beaucoup de charme.



Le Bazar d'Isaphan est un immense labyrinthe. Ses premières allées sont remplies de vendeurs de souvenirs et de tapis mais des que l'on s'enfonce un peu, on y trouve tout ce qu'un supermarché peut offrir, des aliments, des vêtements, de l'électroménager... mais aussi des oiseaux, des épices, chaque allée proposant un type de produits particulier. Le charme est bien sur sans comparaison.
Le bazar recèle aussi quelques très belles madrasas et caravanserials un peu délabres mais encore en activité C'est dans ses ruelles loin des touristes que j'ai mange mon meilleur repas d'Iran. Dans une échoppe pour commerçant, on m'a servi du fois hache et des rognons grilles plein d'herbe, c'était délicieux.
Tout au bout du bazar, après presque 30 minutes de marche on arrive sur la mosquée Jameh autre très belle mosquée d'Ispahan.

La ville moderne reste extrêmement agréable, même si l'architecture n'a rien de remarquable, les rues sont couvertes d'arbres, les parcs sont très beaux et les Iraniens affectionnent de s'y promener ou d'y manger des glaces.


Les ponts anciens d'Ispahan sont une des fiertés des habitants. Des maisons de thé y occupent certains arcades et ont souvent des terrasses sur le fleuve Zayamdeh.
Les maisons de thé sont des lieux très pittoresques, j'adore m'y arrêter en debut de soirée pour y fumer une chicha, appelée qalyan, a la menthe fraîche.

Les Iraniens comme a Persepolis prennent soin de leur patrimoine et en sont fiers. Bien plus et bien mieux que les Égyptiens.

Je n'ai pu y reste très longtemps, mais je suis heureux de l'avoir vue et d'avoir vu a quelle point cette civilisation a été raffinée et conserve une part de ce raffinement.
Ispahan est un endroit unique et merveilleux !

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Iran : Yazd du 27 au 28 avril


Il etait 6h du matin quand le taxi s'est engouffre dans les rues de pise du Yazd. Seule ville qui a echappee tout au long de son histoire aux invasions barbares et destructrices qui ont ravage l'empire perse.
Le taxi me laisse a l'entree d'une ruelle couverte et eclairee de petites lampes jaunes. Je pousse une porte de bois sculptee et me retrouve dans une piece magnifiquement decoree de boiseries, un peu plus loin s'ouvre une grande court recouverte d'une tente, elle aussi toute aussi belle, couverte de tapis et ornee d'un bassin en son centre. C'est mon hotel.
C'est a Yazd que l'on trouve les hotels les plus jolis et pour une bouchee de pain.

Cette ville est un labyrinthe de rues dont on ne voit pas les maisons et les palais dissimules derriere des murs de terre, et de ruelles couvertes des bazars. Le seul faste apparent est les magnifiques mosquees, pourtant les palais y sont nombreux, ils temoignent de la richesse passee de cette ville commerciale du centre de l'Iran.


La ville est une des plus agreables des villes que j'ai parcourues, les gens y sont encore plus accueillants qu'ailleurs. Il ne sera pas rare qu'un Iranien en moto me propose de me deposer si je parait un peu perdu. Petite video a l'appui :




L'equipe de l'hotel me tiendra compagnie pendant les soirees. Ils me raconteront leurs histoires droles et quelques dictons iraniens : N'implore pas dieu le jeudi soir, il y a trop de pieds vers le ciel pour que Dieu puisse voir tes mains!
Ils m'expliqueront le mariage court terme en Iran. Il est possible pour un couple de se marrier pour quelques jours et meme pour quelques heures pour passer un moment intime ensemble. Ces mariages se passent devant un molha ou non, mais s'ils sont surpris il vaut mieux avoir quelques temoins. Pour eux, il s'agit d'assurer le consentement des deux personnes. Il s'agit surtout de femmes ayant ete deja mariees, si elles sont encore vierges, le sujet devient un peu plus complique.

L'Islam est tres present en Iran et beaucoup d'Iraniens semblent tres religieux mais il est rare de voir des hommes faire leur priere dans la rue, l'appel a la priere ne semble pas etre si suivi. Les femmes sont effectivement voilee mais aucune (a part a Bandar) ne se cache le visage. Les jeunes portent des voiles qui tombent en arriere, des vestes plus courtes et parfois des chaussures a talon et ne lesignent pas sur le maquillage. Ce n'est pas aussi terrible que l'on peut l'imaginer de France ou d'occident, et en fait moins dur que dans l'Islam sunnite meme si parfois l'Islam sunnite peut en apparence etre plus liberal comme en Egypte. Malheureusement le gouvernement lance des campagnes pour arreter la liberalisation des tenues vestimentaires, les sites suivants le montrent assez bien : http://www.farsnews.com/plarg.php?nn=M239368.jpg

Dommage, elles sont plutot belles sans leur voile...

Yazd est aussi le centre religieux d'une tres ancienne religion et consideree comme la premiere religion monotheiste de l'histoire, anterieure meme au judaisme, le zoroastrisme, religion de l'empire perse des Sassanides. Son dieu est Ahura Mazda, reprentait par l'homme aile, symbole de l'Iran.
Le temple du feu conserve une une flamme allumee, dit-on, depuis 4000 ans. Les zoroiastriens sont souvent des commercants. Leur diaspora leur permet d'accepter les paiement en carte banquaire a partir de Dubai.
Il y a aussi deux etranges forts, appelles Tours du Silence ou les morts etaient laisses aux vautours pour eviter de polluer la terre.

Je quite Yazd au petit matin, pour rejoindre la mythique Ispahan !



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mardi 1 mai 2007

Bandar Abbas - Chiraz - Persepolis

La chaleur était vive et le soleil éblouissant a la sortie de la douane Iranienne sur le port de Bandar e Abbas, grand port Iranien depuis la guerre Iran - Irak.
Les formalités ont été simples et rapides et les douaniers et policiers cordiaux. Pour mes deux compagnons afghans, Hadji et Bashir, le passage a été plus laborieux, les afghans sont les travailleurs immigrés de l'Iran et comme chez nous, ils sont soumis aux mêmes difficultés.
Nous avons rejoins la gare routière ensemble, ils prenaient la direction de Mashad et moi de Chiraz. La grande cours devant la gare était remplie d'une population bigarrée a l'image de la ville. Les iraniens de Bandar ont des origines des plus diverses, certains sont noirs aux visages de Somaliens, les femmes sont très belles, d'autres sont d'origine arabe et leurs femmes les plus vielles surtout portent des masques couvrant leur visage, d'autres ont les yeux bleus ou verts, certains disent qu'ils sont les descendants des portugais installes très longtemps sur les rives du golfe Persique et en particulier a Ormuz, d'autres bandaris ont le visages des fars, très bruns a la peau clair et a la pilosité dense. Il y a aussi les afghans le visage plus carre et les pommettes saillantes avec un regard plus oriental.
Lorsque nous avons pénétré dans le hall gare, j'ai été surpris par le hurlement au nom des villes d'Iran des vendeurs espérant attirer le client. Il est amusant de regarder les passagers interloques et d'essayer de deviner quel sera leur choix. Mes amis afghans se sont chargés de me trouver un bus. Ils m'ont ensuite invite a déjeuner dans une rue couverte derrière la gare, puis ils m'ont laisses non sans inquiétude.
Je suis parti visiter Bandar et un taxi collectif m'a déposé dans un café internet ou une bande de jeunes, jeans Desiel et tee-shirt branches m'ont offert a boire, offert internet et m'ont explique comment surfer sur les sites interdits en Iran.
J'ai rejoins la gare, des hommes m'ont invite a boire un thé, un autre plus vieux et un peu fou m'a parle de Victor Hugo, Jean-Paul Sartre et de Brigite Bardot. Un autre âge d'autres références, jusqu'à maintenant j'avais surtout eu droit a Zidane et Chiraс. Il a ensuite entonne un chant anglais "God is the Greatest". J'ai quite ce beau monde avec un stylo et un porte-cle offerts par un commercant, une copie du verse du Coran sur Marie et le test de God is the Greatest. L'accueil sur les rives d'Iran a ete plus que chaleureux.



Apres une nuit sur le bateau, j'ai donc enchaine par une longue nuit de bus jusqu'a Chiraz. Deux etudiants Iraniens passionnes de politique internationale, m'ont pose plein de questions sur la campagne electorale francaise qu'ils avaient suivie dans les journaux. Leur soutien etait total pour Segolene, representant pour eux l'option la plus democrate et la plus juste pour le peuple. Ils m'ont parle plus discretement de leur propre president, Mahmoud Ahmadinejad, pensant qu'il maintenait les Iraniens dans une certaine pauvrete, un peuple dont la principale preocupation est de trouver du travail et de nourrir sa famille se soucit peu des libertes. Il pense que cet homme est "fou" mais que Bush ne vaut pas mieux, ils n'ont pas manquer de rappeller que les gouvernements europeens et americians ont soutenu Sadam pendant la guerre Iran-Irak, guerre qui semble avoir profondement traumatise les Iraniens.

Je suis arrive a Chiraz a l'aube, le temps de me reposer un peu, puis je suis parti a la visite de cette ville moderne qui conserve quelques tres beaux monuments laisses par la dynastie Zand qui en avait fait leur capitale, de tres beaux parcs, un bazar tres vivant et le tombeau du poete Hafez qui accueille tous les soirs une foule venue lui rendre hommage en recitant des poemes :

" Ses longs cheveux étaient dans le désordre, son visage était chaud et couvert de rosée, ses lèvres souriaient, son col de chemise tombait légèrement à part
elle chantait une poésie d'amour, elle avait un gobelet de vin à sa disposition et elle était légèrement hors de contrôle ses beaux yeux étaient belliqueux et ses lèvres exprimaient des regrets
Elle est venue la nuie passée à minuit à mon chevet et s'est assise Elle approcha sa tête à mon oreille et avec une voix douce elle m'a dit :
"Ah,
mon amoureux fidèle, êtes vous somnolent ? Un amoureux à qui un vin si nocturne est offert est infidèle à l'amour s'il ne devient pas un adorateur de vin
O Puritains, éloignez vous et ne blâmez pas les Libertins qui boivent du vin jusqu'à la lie
puisque à part l'amour, aucun cadeau ne nous a été fait au premier jour du monde"

Le rythme des villes de province ressemble a la vie dans le sud de l'Europe, apres 13h la ville s'endort, puis vers 17h les boutiques ouvrent a nouveau et la ville se remplit de promeneur ou de familles venues manger une glace sur les pelouses de la ville. La vie y semble douce et agreable.


Mais Chiraz c'est aussi a quelques kilometres de Persepolis, ville mythique de l'antiquite conquise par Alexandre. Il en a vole le fabuleux tresors dont la legende raconte qu'il fallu plus de 3000 chameaux pour le transporter. Quelques temps apres, le feu a ravage ce santuaire, les archeologues restent partages sur la responsabilite d'Alexandre.
Ce que le feu n'avait pas detruit les archeologues europeens l'ont emporte dans leurs musees. Le musee de persepolis et celui de Teheran font pale figure a cote des collections du Louvre.
Le site concerve neanmoins une certaine majeste avec ses escaliers monumentaux, les quelques porches massifs et magnifiquement sculptes de taureaux ou de chevaux et surtout les bas-reliefs tres bien conserves. Le plus beau etant celui qui represente les delegations de l'empire perse, ethiopiens, arabes, thraces, indiens, parthes, elamiutes, medes... venues porter leur tribut a l'empereur achemenide. On imagine assez bien la beaute du site et l'extreme finesse de son architecture.


Les tombeaux sculptes des rois Darius 1 et 2 et de Cyrus dans la falaise non loin de Persepolis sont aussi remarquables. Le site rappelle Myra en Turquie et ses tombeaux Lyciens.

Le soir meme, je repris la route pour Yazd. Mon voyage en Iran fut une course, mon visa Turkmene me laissant que 10 jours.


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