A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

Le Voyage

Le Voyage

L'Itinéraire présumé. Tout peut changer

France - Egypte - Soudan - Ethiopie - Djibouti - Yemen - Oman - EAU - Iran - Turkménistan - Ouzbékistan - Kirghizstan - Chine (Turkestan Chinois) - Pakistan - Inde - Nepal - Bhoutan - Birmanie - Thailande - Cambodge - Laos - Vietnam - Hong-Kong

lundi 4 février 2008

Un An ! et Fin

Aujourd’hui, il y a un an que je suis parti pour ce voyage. Un an que j’ai quitté mon appartement, distribué mes affaires, mes meubles et mes chemises. Un an que j’ai pris la direction du Caire pour rejoindre Hong Kong en passant par la route et la mer.
Je ne voulais pas abandonner avant le passage de la chaîne du Karakorum, je suis arrivé jusqu'à Bénarès par la route. J’ai fini mon voyage en arrivant à HongKong mais n’ai pas atteint le but qu’était d’y trouver un travail.
J’avais quatre étapes que je ne voulais pas manquer : arriver à Djibouti par le train le plus fou, traverser la mer rouge en boutre de Djibouti jusqu'à Moka, voir Ispahan, et traverser la Karakorum. Je les ai fais et j’en suis fier !

Je regrette de ne pas avoir gravi les Montagnes du Siemens en Ethiopie, de ne pas etre aller à Socotra, de ne pas avoir vu le Taj Mahal, d'avoir trop peu vu l’Inde, et de ne pas avoir fini mon voyage par la route. Je regrette de ne pas être resté plus longtemps dans les endroits uniques que le monde moderne ne transforme pas ou peu, chez les nomades du désert, dans les tribus de la vallée de l’Omo, chez les Kalaches ou encore dans quelques temples indiens.

On me demande souvent si ce voyage m’a changé. Je n’en sais rien. Je sais qu’il est difficile de le raconter.

8 mois sur les routes, avec des moyens de locomotion lents, le temps s’arrête et l’esprit se met à rêver, le changement prend son temps. L’éblouissement, la surprise, la lassitude, la curiosité, l’excitation, la peur, la tristesse, l’angoisse, la joie, la tendresse, la fatigue, la satisfaction, la solitude et l’ennui font partie d’un tel voyage. Les rencontres sont nombreuses, parfois très courtes parfois plus longues. La diversité des hommes, des cultures et des paysages est incroyable. On croise aussi la pauvreté, la misère et la richesse excessive. Alors de tout ça, on en est spectateur, on traverse le monde, on croit le toucher mais on l’effleure.

Alors qu’en reste t-il ? Change t-on ? Se connaît-on mieux ? Difficiles questions !
Lorsque je me souviens de mon départ, des images de ces pays, fruits de mon imagination et de mes lectures, ce projet me semblait un peu fou. Je n’étais pas bien sûr d’être à la hauteur. J’avais peur et j’étais existé.
Le départ est peu être le moment le plus fort. Je pense que c’est dans cet acte que réside le principal. Etre capable de tout laisser, de partir avec un sac à dos sur les routes du monde.

Une fois parti, on entre dans un autre univers, celui du voyageur, en particulier lorsque l’on va dans ces pays peu touristiques. La réalité est toute autre. La liberté est énorme mais de nouvelles contraintes paraissent, les angoisses ont d’autres sources, sans doute la solitude ou l’aspect schizophrénique du voyage perpétuel. L’esprit est tout entier ouvert à la diversité. On finit par ne plus comparer ce que l’on voit avec ses origines mais avec ce qui a précède. On s’imprègne de cette différence sans s’en rendre compte. Il faut faire un effort pour s’imaginer arrivant directement de Paris dans un de ces lieux pour en mesurer toute l’originalité.

Le temps aussi perd ses repères, il s’allonge, s’étire. On le sent passer, on le regarde même. L’espace se dilate, son propre monde s’agrandit.

Il faut revenir pour s’apercevoir que l’on a changé son regard sur son propre univers. Ce n’est pas un changement dans sa propre personnalité mais plutôt dans son référentiel esthétique, moral et culturel.

Je ne pense pas être plus libre qu’avant, mon amour pour ma famille et mes amitiés sont restés intacts, mon pays reste le sud.
Je ne sais pas plus qu’avant ce que je veux faire de la de ma vie qu’il me reste. Mais que veut dire "faire quelque chose de sa vie"? Je comprends seulement que le travail et sa position sociale ne sont que des assurances dans la vie mais ne sont pas des buts, je le savais avant de partir.
Je sais aussi que le voyage ne peut être une forme de vie, on n’y construit rien, mais par contre, son ivresse vous manque dès que la vie quotidienne reprend ses droits.

Apres un an sans adresse et sans contrainte, je me surprends à vouloir me poser, bâtir ou créer quelque chose. Mais quoi ? Malheureusement je n'ai pas la réponse!

Je sais par contre, que j’ai eu une chance inouïe de faire ce voyage, de rencontrer tous ces gens qui ont partagé un bout de mon chemin, m’ont aidé ou accueilli. Je suis riche de plein de souvenirs. Je me surprends souvent à rêver d’un lieu ou d’un visage aperçus sur ces routes lointaines, dans cette autre vie.

Ce voyage reste encré dans mon esprit, comme un rêve !

Hong Kong de Septembre a Noel 2007


J’y suis arrivé ! Me voila au bout de mon voyage pas encore au but. Il me faut un job ici pour y arriver.

Je retrouve Lionel qui était venu au Yémen, et Laura venue à Dubaï pour une pose luxe et fête et en Thaïlande. Ca me fait plaisir de les retrouver. Je vais rester trois mois chez Laura.

La ville est surprenante. Sa façade sur la baie est un mur de modernité, les tours d’architecte de verre s’élancent au dessus de la mer. Derrière les tours d’habitations se dressent les unes contre les autres dans les rues étroites de Hong Kong, elles sont étrangement fines, la plupart sont moches, sorte de HLM. La densité de population en fait une ville extrêmement vivante de matin jusqu’au bout de la nuit.
Ici se mêlent modernité et tradition, on y voit aussi bien les grands centres commerciaux luxueux et les magasins plus traditionnels, des échoppes ornées de canards laques qui pendent, aux pharmacies chinoises avec toutes sortes d’animaux sèches, de l’hippocampe au crapaud, avec ses nids d’hirondelle, élixir de jouvence et ses poudres de corne de rhinocéros, viagra chinois.
Les enseignes chinoises se mêlent aux enseignes occidentales les plus célèbres.
La population est une sorte de mélange du monde entier ou la proportion de chinois reste nettement majoritaire. Les Hongkongais forment la classe dirigeante très riches et la classe moyenne, les expatries une classe aisée à part, et les travailleurs du monde entier forment les classes les plus pauvres. On y trouve les Philippines, femmes de ménage, nounous ou prostituées, les Sri lankais, Indiens et Népalais dans les cuisines ou au service dans les hôtels ou encore dans les travaux publiques. Les autres occupent des métiers lies a leur origines, Pakistanais et Iraniens dans les tapis, Français dans le luxe, les restaurants et les bars…
L’image des impressionnants échafaudages en bambou accroches aux gratte-ciel est certainement celle qui caractérise le mieux cette ville, mélange de modernité et reste de traditions.

Il y a beaucoup de chose à dire sur les Hongkongais. Ils sont les plus dépensiers d’Asie, la ville n’est qu’un immense marché. Ils sont superstitieux, ils aiment le jeu, les tripos et les paris. Les bateaux pour Macao sont pleins le week-end, les chinois envahissent les casinos pour y perdre leur salaire. Macao a dépassé Las Vegas en terme de chiffre d’affaire, les casinos y poussent comme des champignons. La ville portugaise disparaît peu a peu a l’exception de quelques rues épargnes par les promoteurs mais le portugais reste une langue officielle et la cuisine et le vin verte ont aussi résisté. Il y a règne indiscutablement un parfum latin.

L’autre charme de Hong Kong est l’archipel d’îles qui l’entoure. A une heure de bateau on se retrouve dans des petits ports de pêche, parfois sur pilotis. On y mange des crustacés et des poissons cuits dans le soja.
Les plages de Hong Kong sont à 10 minutes du centre sur la face sud de l’Ile. Elle est une des rares villes au monde où l’on croise des surfeurs dans le metro après une journée sur les vagues de Big Waves bay, plage au nom bien prétentieux.


HongKong c’est aussi la ville de la copie. On y reproduit tout, de la fête de la bière avec ses chinois en Bavarois ou les fêtes écossaises et ses chinois en kilt et jouant de la cornemuser, prodigieux ! Mais peu a peu on sent naître une culture qui leur est propre, le cinéma Hongkongais en est la preuve.

La vie y est facile pour les expatries, le prix des appartements est cher mais le reste est nettement plus abordable que Paris, les taxis coûtent rien, les restaurants populaires sont donnés. Tout est simple et rapidement la ville vous accueille et vous parait d’un coup beaucoup plus petite. Le rythme se met en place, fetes, randonnees, sport, week end a Macao, Shen Zhen.. L’insécurité est inexistante pour ceux qui n’ont pas de démêlés avec la mafia.

Mais HongKong est avant tout une ville d’argent et de business, tout le monde veut gagner et gagner toujours plus pour depenser plus. On se prendrait facilement pour des entrepreneurs tellement l’ambiance s’y prête.


Apres trois mois dans cette ville surprenante à la recherche d’un job, le temps commence à être long et l’Europe se met à me manquer de nouveau.

Au revoir

Ma Grand-Mère nous a quitté quelques jours après mon retour. Malheureusement je ne l’ai pas revue. Elle est partie avec ses souvenirs et ses secrets.
Elle me manquera toujours.

Le Sud de la France Septembre 2007


Paris Charles de Gaules, il est 6 heures ! Plein d’excitation, je me dirige vers St Germain, j’achète un journal puis me dirige rue Jacob pour un café crème et un croissant, le ciel se lève et un rayon de soleil vient éclairer les façades 18eme de la rue.
Sentiment étrange de se retrouver au point de départ après une si longue route.
Je ne resterai pas longtemps à Paris, je n’y ferai pas d’exposition, pas de cinéma français, je me limiterai a prendre une cuite avec mes amis de toujours dans un bar de nuit.

Finalement, c’est vers le sud que je me dirige, mon pays, ma terre, mes racines.
Je rentre donc à Toulon. Un mois de repos, de famille, de long repas, de rosé et de week-end en Provence.

Je passe un Week-End en Arles avec Sibylle, corridas magnifiques, randonnée à cheval en Camargue. Voyage au coeur des traditions de la Provence, un vrai bonheur!


C’est dans mon pays que j'ai retrouvé l’énergie de repartir vers Hong Kong, l’envie de travailler et construire à nouveau.

jeudi 10 janvier 2008

Thailande du 22 juillet au 13 Aout 2007

Il y a des moments où des rencontres vont être décisives pour vos décisions. Allégé de 8 kilos après une semaine d'une violente turista, bien décidé à partir pour Katmandou pour refaire mon visa indien malgré ma fatigue, mon billet de bus en poche, je rencontre un touriste au comptoir de mon hôtel de Bénarès. En quelques mots, il va faire s'effondrer les faibles motivations qu'il me restait: " vous étés fou, la route est très dangereuse par temps sec, mais là avec les averses c'est de la folie. En plus vous en avez pour 48h, au regard de votre forme physique ça va être un enfer, je vous conseille fortement de prendre l'avion". Il ne m'en a pas fallu plus, pour faire une pause dans mon voyage, de prendre l'avion non pas pour Katmandou mais pour les plages de Thaïlande, bien décide à retrouver la forme et à quitter les violentes chaleurs humides de l'Inde. L'impossibilité de traverser les frontières ou la mer pour rejoindre la Thaïlande à partir de l'Inde était le dernier prétexte à cet abandon.

Me voila donc parti pour la Thaïlande.

A l'arrivée à l'aéroport de Bangkok, je mesure à quel point mon voyage a changé. Les touristes arrivent par milliers. Tout est simple, je m'arrête à une agence de voyage, quelques heures plus tard, je serai à Kho Tao. Au départ de Bangkok, on me colle un pin's sur mon tee-shirt, et à partir de là on me transféra de l'aéroport de Kho Samui à un bus, puis à une embarcation pour atteindre cette petite île du Golf du Siam. Quasiment plus d'autochtones, je me retrouve qu'avec des touristes, je me sens en plein décalage.
Pourquoi Kho Tao ? Tout simplement parce qu'un voyageur m'avait dit lors d'un autre voyage que c'était encore un endroit authentique. Malheureusement je me suis retrouvé avec des centaines de touristes, toutes les plages y sont couvertes de bungalows mais restent assez belles.
Alors, je cherche à me reposer, massages, plongée, ballades... Mais il n'y a plus d'aventure.

Après une semaine à Kho Tao et un week end avec Laura a Kho Samui, je m'en vais à Krabi pour rejoindre Railay sous les conseils de Hollandais. A nouveau, je me retrouve avec mon pin's et parti pour une journée de bateau et de bus pour arriver sur les rives du Golf Andaman, toujours aussi peu de Thaïlandais dans ces transports.

L'endroit est très beau, sorte de bras de sable bordé au Sud d'une belle plage et au nord d'une grande baie et toutes deux termines par de magnifiques pains de sucre aux couleurs ocres et couvertes d'une végétation luxuriante.
Je me repose, mange 5 repas par jour pour essayer de reprendre du poids, sans succès. Je me suis mis à l'escalade, sport favori des touristes de Railay. A part quelques amis palestiniens, je n'arrive plus à jouir de ce voyage. Je me sens fatigué et sans énergie pour repartir. Après de longues hésitations, j'ai fini par abandonner et prendre un billet d'avion pour Hoing Kong. Mais c'est en France que j'arrive finalement.

Ce n’est pas facile d’arrêter, mais j’ai atteint l’objectif minimum que je m’étais fixe : Passer la chaîne du Karakorum.

Je suis fier d’être arrivé jusqu'à là et d’avoir fait ce merveilleux voyage.

mercredi 15 août 2007

Pause !

Pour tous ceux qui se demandent si je n'ai pas fini deseche sur une plage ronge par les amibes, je vous donne quelques nouvelles de France !
Apres deux semaines de repos sur les plages de Thailande, profitant enfin de la mer qui m'avait tant manque, de la delicieuse cuisine Thai, des massages, de la plongee et de l'escalade sur les magnifiques roches surplombant la mer. Je me suis gueri assez vite mais je n'ai pas retrouve l'energie ni l'envie de repartir maintenant sur les routes du Cambodge et du Vietnam.

J'ai donc repris le chemin d'une vie normale. De retour en France pour quelques semaines j'ai la ferme intention de profiter de ma famille, de mes amis, de la mediterranee et de sa douceur de vivre avant de repartir pour Hong Kong.

Je finirai ce blog en arivant la bas, objectif de mon voyage.

vendredi 20 juillet 2007

Apercu d'Inde : du 10 au 22 juillet

La nuit est lourde et moite, mes yeux sont rivés sur le ventilateur accroché au plafond. Mon esprit se concentre sur les circonférences dessinées par les palmes en tentant en vain d'oublier les douleurs de mon ventre et surveillant les alertes pour la prochaine lâchée des eaux. Quand mon ventre me laisse enfin m'assoupir, les chiens errants se mettent à hurler à la mort. Mes nuits sont longues et étouffantes.
A force de transpirer mon corps dégage une odeur rance que les douches à répétition n'arrivent pas à effacer. Voila 7 jours de que je suis malade, plus de 7 kilos ont déjà disparu. Ma peau est devenue môle et flasque, je ressemble enfin à ces voyageurs sans répits sur les routes depuis des années au corps rachitique de vieillard.
Pourtant mon arrivée en Inde s'était bien passée, plein d'enthousiasme d'entrer dans une nouvelle contrée si différente des pays musulmans que j'avais traversés pendant des mois. J'ai eu la chance d'arriver par Ameritsar dont le temple d'or est un merveilleux endroit, vaste palais blanc entourant un immense bassin au milieu duquel trône un harmonieux temple couvert d'or. Le lieu est sublime et calme, les chants des religieux doux ajoutent à sa sérénité. Les femmes sont habillées de saris de toutes les couleurs, les hommes, la plus part sikhs portent des turbans colorés. Certains se baignent dans le vaste bassin. On y est loge et nourri gratuitement.

Quelques jours avant de quitter le Pakistan, je me suis aperçu que mon visa Indien expirait le 22 juillet. J'avais donc prévu de faire 12 jours de visite rapide et d'aller à Katmandou refaire éventuellement mon visa ou prendre la direction d'un autre pays.

J'ai quitté Ameritsar pour rejoindre Delhi où j'ai retrouvé Robert, le marchand de tapis croate et son neveu Jan. Nous nous sommes retrouvés le surlendemain à Jaipur. Mes intestins m'avaient déjà abandonné après 5 longs mois de fidèles services.
Jaipur est une très belle ville, les bâtiments de la vielle ville sont ocres rouge, la lumiere en fin de journee devient entierement rose. L'architecture est recherchée avec des chapiteaux sous les toits, des terrasses et des motifs indiens. Malgré ma fatigue, nous sommes partis avec Jan visiter palais et temples dont le temple des singes à l'extérieur de la ville reste l'endroit le plus magique. Le temple grimpe en terrasse sur le flanc d'une colline, les bassins d'une eau vert sombre, dégoulinent les uns dans les autres et servent de piscines aux jeunes, femmes et singes. Les élèves moines sont drapés de jaune et ont le front peint avec des poudre colorées jaunes, oranges et blanches. Ils vous invitent à rester quelques jours dans cet endroit calme et serein. C'était tentant mais mes intestins et mon visa s'y refusèrent.



Je suis retourne à Dehli pour y récupérer mon appareil photo en panne depuis Peshawar, laissant Robert et Jan aller directement à Agra voir le Taj Mahal. Robert pour sa part a attrapé une sorte de pneumonie et ne tardera pas à rentrer en Croatie.

Je suis arrivé au milieu de la nuit à la gare de Delhi, en rickshow j'ai traversé la veille ville. Des hommes de tout âge, des enfants aussi, dorment à même le sol. Les rues sont jonchées de ces dormeurs cherchant à récupérer quelques forces pour s'atteler le lendemain à trouver la nourriture de ce nouveau jour. La classe moyenne se développe et bénéficie des fruits de la croissance indienne mais les pauvres restent semble t-il désespérément miséreux. Arrivé à l'hôtel, j'ai retrouvé mon ventilateur et mes diarrhées, j'ai néanmoins reussi à m'extirper de mon lit pour retrouver Anouk, une des suisses du Kirghiztan, j'ai été content de la revoir et d'entendre son récit sur le fascinant tournoi de polo au Pakistan avec ses cavaliers fiers et rudes, seul tournoi où aucune règle ne vient freiner la violence du jeu.
La nuit fut terrible et je n'ai eu le courage d'aller voir le Taj Mahal. Ce sera une raison de plus de retourner en Inde. J'ai finalement réussi à rejoindre Benares le lendemain, je n'aurai pas voulu quitter l'Inde sans voir ce lieu religieux unique.

La mousson était là avec ses pluies et ses nuages, mais le charme du lieu est manifeste même si la lumière doit être plus belle à une autre saison. Les temples et les palais s'accumulent le long des quais appelés "gaths" avec une multitude de couleurs et aux architectures variées. Les pèlerins se baignent pour se purifier dans les eaux sacrées du Ganges au milieu des vaches et à quelques mètres de là où sont noyés les corps purs des femmes enceintes ou des enfants en bas âge mort. Les feux brûlent où longueur de journée les corps des morts "impurs" venus ici se fait immolées. Les enfants plongent dans cette eau dont une seule gorgée nous enverrait directement à l'hôpital.
Les pèlerins sont moins nombreux qu'en hiver mais le spectacle déjà époustouflant, il y a les sadhus, vêtus de pagnes oranges maigres aux cheveux longs, le front souvent orné de cercles concentriques de couleurs, il y a ces femmes chauves aux nombreux percing, il y en a d'autres vêtus de blancs et puis tant d'autres... C'est captivant.
Les rues de Benares sont étroites, seule une vache peut y passer à la fois, les bouses jonchent le sol, des chiens galeux au pelage clairsemé se meurent dans les coins, les odeurs sont violentes, puis il y a aussi les miséreux et les handicapes qui mendient le long des temples et les enfants qui cherchent à vendre cartes postales ou des poudres de couleur sans grand succès. Cette misère dans cette crasse laisse un goût amère au spectacle, mon état de santé a sans doute joué sur ces impressions.
J'ai fini par changer de route et de prendre un vol pour la Thailande direction la plage pour reprendre des forces et des kilos.

Tout mon voyage m'avait préparee au choc indien. Mais après avoir vu tellement de pays et rien réellement assimilé je pense ne plus avoir assez d'espace libre dans mon esprit pour tenter de comprendre la complexité indienne. Le climat lourd et extrêmement chaud et ma santé défaillante ne m'ont non plus donne l'envie de revenir tout de suite. Je garde cet immense pays pour un autre voyage qui lui sera dédie si l'envie m'en prend.

L'Inde me laisse des images parmi les belles et les plus dures à l'instar de l'Ethiopie.

lundi 16 juillet 2007

Pakistan : de Peshawar a Lahore du 4 au 10 juillet

Peshawar et Lahore ont pour points communs être des villes frontalières, bruyantes et surpeuplées, et avoir un été terriblement chaud et humide. Mais au delà de ces ressemblances tout les sépare, la population, l'architecture et le mode de vie.


Peshawar est plus afghane que Pakistanaise. La population parle pachtoun, beaucoup de réfugiés afghans y ont trouvé refuge depuis 30 ans. C'est la ville de tous les trafics. Les marchés sont les plus incroyables, on y trouve tout, des ordinateurs et téléphones volés, des Kalachnikofs à profusion mais aussi de l'opium et de l'héroïne. Tous ces endroits font parti des visites touristiques de la ville mais depuis le début es évènements de la mosquée rouge, l'armée interdit les visites. La tension à Peshawar est perceptible, les pakistanais conseillent d'éviter les hommes aux turbans verts, les policiers ont envahi les rues et surveille les touristes. A Peshawar, l'islam y est beaucoup plus rigide que dans le nord du pays, il n'y a quasiment pas de femme dans les rues. Les touristes se couvrent de la tête au pied pour éviter de faire l'objet de tous les regards.
Les discutions avec les pakistanais peuvent rapidement dévier sur la religion. Leur foie est simple et profonde. Ici, il y a peu de place à l'échange sur ce sujet comme sur celui des femmes.
Les rues et les bazars de Peshawar sont extrêmement vivants et colorés, l'accueil y est toujours aussi sympathique.

Il faisait plus de 40 degrés malgré la nuit. Nous étions assis au milieu d'une multitude d'hommes aux turbans colorés, la fumée de hashish envahissait l'air. Les joins circulaient de personne en personne. Des hommes nous servaient du riz et des mangues fraîches, d'autres aspergeaient l'air d'eau de rose. Deux musiciens tapaient sur leur tambour avec des rythmes de plus en plus rapides, d'autres hommes tournaient sur eux mêmes aux rythmes de la musique, les yeux révulsés, en pleine transe. La nuit des soufis de Lahore !

Lahore, c'est déjà l'Inde, les habitants sont punjabis, la peau foncée et les cheveux très noirs, à l'image des indiens. Les femmes sont vêtues de saris colorés. Il n'y règne pas du tout la même atmosphère qu'à Pashawar malgré la présence de nombreux policiers. Encore plus embouteillée et polluée que Peshawar, encore plus peuplée, la vielle ville regorge la nuit de sans abris dormant à même le sol. Mais Lahore recèle quelques merveilles architecturales comme sa grande mosquée Badshahi Masjid, chef d'oeuvre d'élégance. La ville colonniale disparait sous la surpopulation et les jardins ont perdu de leur splendeur mais elle garde un charme certain. La ville moderne se developpe à l'image des villes modermes occidentales sans charme avec ses boutiques internationales et sa population occidentalisée.







C'est dans ces deux villes que j'ai rencontré les voyageurs les plus intéressants ou insolites, comme les journalistes ou les volontaires revenant d'Afganistan racontant leurs aventures ou encore ce belge d'une trentaine d'année. Il se trouvait dans le vol de Katmandou à Delhi qui a été détourné pendant près de 10 jours en 99, et tous les jours un des pirates pointait sur son front son pistolet en lui disant "tu seras le premier". Depuis, il voyage en vélo sans jamais s'arrêter, attrape toutes les maladies de la terre, étrange vie...

Je garde un souvenir ému de ce pays magnifique avec ses extraordinaires montagnes et de l'accueil étonnant des pakistanais loin des clichés transmis par nos téléviseurs.
Je quitte le Pakistan en pleine crise politique avec une profonde inquiétude pour l'avenir de ce pays. Comme dans tous les pays ou règne une forte corruption accompagnée d'inégalités sociales et d'un régime quasi totalitaire, l'islam devient le refuge de la contestation populaire.

lundi 2 juillet 2007

Pakistan : de Gilgit aux Vallees Kalash du 22 au 29 juin

"Ils buvaient du vin, leurs danses cultuelles avaient des allures bachiques, leur pays ressemblait à la Grece, ces vallées d'eau et de champs cernes par un écran de montagnes : réconfortant Hindu Kush après les déserts. Et ces visages si familiers..." racontent les chroniqueurs des conquêtes d'Alexandre.
En effet, au fin fond de ces montagnes de l'Hindu Kush les forets sont de chênes verts, le ciel et la lumière rappellent ceux de la méditerranée, le raisin pousse, le vin ressemble à la grappa et les cigales chantent... Les habitants ont la peau clair et les yeux verts, j'ai partagé la surprise de ces hommes.
Mais ce n'est pas dans la couleur de leur peau que reside le plus étonnant mais bien dans les traditions du peuple Kalash. Tout le nord du Pakistan, une partie du Turkestan chinois et l'Iran mais aussi le nord de l'Inde sont habités par ces peuples à la peu clair. Ils sont sans doute arrivés avec les invasions Indo Européennes venues des plaines de l'Europe septentrionale à partir du 3eme millénaire avant JC. Ils ont envahi les plateaux d'Iran, traverse l'Indu Kush puis atteint le Penjab et les premières plaines du Turkestan chinois.
Au regard de leur langues et malgré la légende persistante, ils ne seraient pas les descendants des soldats d'Alexandre mais peut être de ceux de Dyonisos ! L'empire Kushan issu de ces peuples montre neanmoins de nombreuses influences grecques...

Après trois jours de routes au départ de Gilgit dans de belles vallées verdoyantes peuplées d'Ismaliens toujours aussi accueillants et tolérants, après avoir traversé le col du Shandur ou se déroule le plus prestigieux tournois de polo du Pakistan entre les meilleures équipes de Gilgit et Chitral, je suis parvenu à Chitral, capitale de la région du même nom.

C'est dans cette région, à seulement trois heures de Jeep de Chitral sur des routes escarpées, à seulement 6 heures de marche de l'Afghanistan, que le dernier peuple "infidele" tente de sauver son étonnante identité face à ses voisins musulmans. A la fin du 19eme siècle, le sultan de Kabul a lancé contre le Kafiristan, "pays des infidèles", la plus grande offensive mettant un terme à ces croyances sur la face afghane de l'Hindu Kush.

Il ne reste aujourd'hui que trois vallées d'environ 30 km chacune ou vivent les 4000 derniers Kalash.

En entrant dans ces vallées, on découvre un monde fantastique, où les fées d'une extrême beauté, maîtresses des eaux et des lacs remplis d'or, s'éprennent de bergers dans des amours impossibles, oùles mauvais esprits hantent les forets, où les dieux communiquent au travers de chamanes, punissent les fautes par des maledictions et protègent les Kalashs.
Il règne dans ces trois vallées une réelle harmonie. Les maisons sont ouvertes aux voisins, les hommes et les femmes se mélangent et partagent leur quotidien. Ces dernières sont vêtues de robes noires brodées de jaunes et d'orange, elles portent de nombreux colliers de perles de verre jaunes et orange, et de longues coiffes faites de coquillages. Leur regard est vert profond, leur nez est long et les pommettes saillantes, elles sont parfois très belles.

Les enfants jouent au cricket avec des bouts de bois, se baignent dans des bassins ou sautent de toit en toit. Ils mangent des abricots et des mures en grimpant dans les arbres et surtout ils rient autant que leurs parents. Les femmes encore, sont souriantes, n'hésitent pas à s'approcher et à tenter de discuter avec des regards troublants.
La nature est généreuse, les arbres sont immenses et pleins de fruits, les champs verts et l'eau abondante et pure. Ils ne semblent pas s'acharner au travail, le travail dans leur religion est le résultat des punitions de dieu, donc une corvée. La faute d'Adam et Awa, ou celle d'une autre femme qui au temps ou la neige était du fromage et où il suffisait de se baisser pour se nourrir, lava son fils avec ce don des dieux, mécontents ils transformèrent ce formage en neige, et l'homme connu le travail...
Ils n'ont pas de texte, leur religion est orale et faite d'histoires et de légendes que les behars, sorte de chamanes, ou les anciens racontent pendant les fêtes religieuses, les sacrifices ou les soirées d'hiver. Leur mémoire est inépuisable. S'ils ont un dieu, Khodia, plus grand que les autres, créateur de l'univers et d'Adam puis d'Awa avec la propre cote d'Adam, ils ont aussi une multitude de dieux qui intercèdent pour eux auprès de Khodia. Dans chaque vallée, il existe des dieux particuliers parfois ramenés d'Afghanistan après le massacres et la conversion des Kafirs. Dans leur mythologie, à l'instar des juifs, ils ont migré 500 ans avant de trouver le Tsyam dont ils furent ensuite chassés. Ils se disent descendant d'un des 7 fils d'Adam et Awa, celui qui assassinat son frère pour lui prendre sa femme est le père des musulmans.
Les hommes et femmes boivent du vin Kalash, sorte de grappa, fument parfois du hashich qui pousse comme de la mauvaise herbe. Ils boivent principalement lors des cérémonies qui sont extrêmement festives et permettent parfois de jeter toutes les rancunes.
Ce monde insolite, qui éveille la curiosité et l'imagination et rappelle nos contes d'enfants, résistera t il au prosélytisme musulman et au matérialisme occidental amené par les touristes et les commerçants ?

Pendant ces quelques jours, je me suis permis de rever...


Pakistan : Gilgit, Nanga Parbat du 18 au 25 juin

Il était 2 heures du matin quand Chee Keong, Jean-Philippe, le chauffeur de la jeep et moi avons été réveillés par des hommes tombourinant à la porte. La porte s'ouvre sur deux hommes mitraillette à la main, longue barbe et écharpe palestinienne. La fatigue de trois jours de marche intense sous un soleil de plomb ne nous a pas laisse le temps de nous inquiéter, les deux personnages se sont installés pour dormir dans cette grande pièce ou nous avions été reçus par le chef d'un village où aucun touriste ne s'arrête.
Nous étions au pied du Nanga Parbat a quelques kilomètres de Gilgit, ville aux croisements des grandes vallées du nord, le centre commercial de la KKH, toutes les marchandises y convergent, des tapis d'Iran ou du Turmenistan, les pierres précieuses d'Afghanistan, les statuettes bouddhistes du Nepal ou la camelote chinoise.
Les femmes ont disparu des rues, les quelques unes qui s'y aventurent sont complètement voilées. On est loin de l'Islam modéré des Ismaeliens.


C'est à quelques kilomètres au sud de Gilgit, su la route du Nanga Parbat, il existe un point d'où l'on peut observer les trois plus hautes chaînes de montagnes du monde, l'Himalaya, le Karakoram et l'Hindu-Kush. Le mont Nanga Parbat, seul sommet au delà de 8000m qui surplombe la KKH est le dernier sommet de l'Himalaya. C'est un véritable mur de glace qui émerge verticalement à plus de 4000m au dessus du camp de base, il s'enflamme au coucher du soleil et éclaire la nuit.
L'Hindu Kush fait la frontière avec l'Afghanistan et la Karakoram avec la chine, un plus haut les montagnes du Pamir se jettent aussi. On ne peut rêver de plus mythiques et grandes montagnes...
Je crois que je vais laisser les montagnes du Nepal déjà sous la mousson pour un autre voyage...

dimanche 24 juin 2007

KKH : de la frontiere pakistanaise, Passu, puis Karimabad : du 10 au 17 juin

KhalidJam soutenu par sa pelle, à l'ombre d'un mûrier gorgé de mures noires admire l'immense vallée verte de l'Hunza. Il semble ne pas se lasser de cette vue à 2000m au dessus de la rivière. Comme tous les soirs depuis de début du printemps, à l'aide de sa pelle, il détourne l'eau des canaux pour irriguer ses champs, puis le travail accompli et à l'instar de nombreux habitants de Karimabad et de Alti, il s'assoit pour regarder cet extraordinaire paysage fait de montagnes gigantesques dont les trois sommets de glace à plus 7500m s'enflamment au coucher du soleil, puis de montagnes de sable et de rochers et enfin , de champs verts et de vergers en restanque irrgués par une multitude de canaux qui détournent l'eau des glaciers qui surplombent la rivière Hunza.

Le spectacle pour le voyageur arrivant de la chine est encore plus magique ! Après avoir quitté le lac karakul, la KKH longe le Musztagh Ata puis traverse un grand plateau avant de remonter à nouveau vers le col du Khunjerab à plus de 4700 m d'altitude que Alexandre avait emprunté, puis les caravanes commerçant avec l'Asie centrale et le sud de l'Asie. C'est du coté pakistannais que provient la légende de la Karakorum Highway.


Après la frontière chinoise, la route redescend et emprunte des gorges profondes pour traverser la chaîne Karakorum. Elle est impressionnante, les falaises sont gigantesques (malheureusement les photos ne donnent rien), les montagnes derrière ces falaises sont colossales, recouvertes de glaciers énormes. Tout est démesuré. Les éboulis de terrains et de rochers endommage la route et les bus tentent à faible allure de poursuivre leur route. Nous n'avons pas pu atteindre Sost par le même bus, la route étant coupée par un éboulement de terrain ayant crée un lac infranchissable. C'est à pied en compagnie d'une japonnais, d'un japonnais de 70 ans et deux de pakistanais très sympatiques que nous avons poursuivi notre chemin et avons récupéré un autre bus quelques kilomètres en dessous. Les commerçants chinois chargés d'énormes sacs, on eut recourt aux porteurs pakistanais venus gagner quelques roupies. Il a fallu attendre près de trois heures pour repartir, et une heure de plus pour récupérer nos deux amis pakistanais qui s'étaient laissés entourés par les eaux en admirant les tracteurs déblayant la route. Arrivés a Sost, Ils nous ont invités à déjeuner, la cuisine pakistanaise est délicieuse !

Après cette incroyable décor, les montagnes s'écartent et apparaît la vallée de l'Hunza avec ses villages de pierre et ses collines vertes.
Le premier village est Passu, véritable havre de paix au bord de la rivière surplombé par de magnifiques montagnes ocres et marrons qui s'élèvent à la verticale au dessus de l'eau.
Les habitants de Passu sont ismaéliens, leurs moeurs sont moins rigides, les femmes sont souriantes, leur voile leur sert plus de châle que de couvre-chef. Elles sont gracieuses. Comme à Karimabad, il y règne une sorte de douceur de vivre, ces habitants sont courtois et policés. Le village est rempli de mûriers et de cerisiers, les enfants y offrent des fruits gorgés de sucre.
Ces hommes et ces femmes à la peau clair, parfois aux yeux bleus et aux cheveux blonds sont tadjiques et parlent un dialecte proche du farsi.

Les treks de Passu nous emmènent vers des ponts suspendus au milieu des villages et des champs ou vers le plus grand glacier du monde après les pôles, le glacier de Batura long de de 60km.
Le trek de Karimabad nous font gravir près de 1800m de dénivelé pour arriver au pied du mont Ultar, et entouré de trois autres sommets à plus de 7500m.

Le dernier treck se fera de Minapin dernier village de la vallée de Hunza, déjà les moeurs se durcissent et les femmes semblent disparaître. Le trek nous emmène au pied du Rakaposhi, montagne de neige et de glace, sans doute une des plus belles montagnes de la Karakorum.

Je pars pour Gilgit, dernière étape de la KKH et point de départ pour le camp de base du mont Nanga Parba, 8125m puis pour Chitral et la vallée Kalash.

Cette route restera parmi les paysages les plus impressionnants de mon voyage et cette vallée de l'Hunza comme une des régions les plus douces.