Le Kirghizstan fait partie de ces pays peu connus aux croisements des routes et des peuples, perdus au milieu de géants ou de voisins trop bruyants. Il n'a pas eu d'heure de gloire comme son voisin l'Ouzbekistan, il n'a pas, à l'exception de quelques mines d'or, les richesses du Kazakstan ou du Turkmenistan qui attirent la convoitise des grands. C'est un pays de hautes montagnes (90% du pays est a plus de 2000) dont certains pics dépassent les 7000m, et qui le coupent du monde.
La Russie puis l'URSS ont sédentarisé ce peuple de nomades dans des villes sans âmes et sans histoire, parfois sinistres ou les corbeaux font plus de bruit que les hommes.
Elles ont taché de faire disparaître la culture des minorités diverses qui forment ce pays et tenter de policer ces hommes des montagnes aux manières rudes. Cette couche de culture occidentale faite de langue russe, d'opéras et de ballets sur un peuple venu du nord de la Mongolie à la langue proche du turc laisse perplexe le voyageur.
Le musée national a conservé ses salles dédiées à la gloire du communisme, décrit comme l'accomplissement de la civilisation, malgré les 10 années d'indépendance. Sans doute n'ont ils rien à mettre à la place.
L'URSS a développé un système éducatif relativement performant créant de nombreux diplômés malheureusement sans avenir dans un pays sans travail.
L'URSS a développé un système éducatif relativement performant créant de nombreux diplômés malheureusement sans avenir dans un pays sans travail.
Dans un mélange d'islam renaissant, d'une certaine liberté de moeurs agréable aux occidentaux, et d'un alcoolisme ravageur venu penser les plaies d'un chômage endémique, le peuple Kirghize des villes ne dégage aux yeux du voyageur aucune réelle identité.
La nouvelle bourgeoisie émergeant de l'indépendance exhibe sans discrétion une opulence naissante. Les russes restés après l'indépendance (les plus pauvres) viennent ajouter à cette confusion identitaire.
La nouvelle bourgeoisie émergeant de l'indépendance exhibe sans discrétion une opulence naissante. Les russes restés après l'indépendance (les plus pauvres) viennent ajouter à cette confusion identitaire.
Il faudra sans doute du temps et des progrès économiques, pour qu'une culture propre émerge de ces villes encore aux allures de ville de province soviétique.
Alors il faut s'échapper des villes, partir pour les magnifiques montagnes du Kirghizstan gorgées d'eau, seule véritable richesse de ce pays pour aller à la rencontre d'un peuple dur, fier et généreux.
On découvre dans les grandes prairies d'altitude des hordes de chevaux laissés en liberté, des troupeaux de moutons, de vaches et parfois de yacks surveillés par des cavaliers aux yeux brides presque clos, au visage rond et aux traits fins, la peau tannée, presque noire, par le froid terrible de l'hiver et le soleil trop fort de l'altitude. On comprend la fascination des envahisseurs sur ces cavaliers hors pair, ou celle de Kessel retranscrite à travers Igricheff, personnage de "Fortune Carrée".
Les jeunes enfants montent sur leur cheval comme sur une bicyclette. On les voit tout jeune surveiller les troupeaux, puis les ramener dans les bergeries, descendre de leur cheval, non sans fierté avec des allures de petits hommes.
La beauté des forets de conifères de Karakol ou de noyers d'Arslambob, ou les immenses prairies de haute montagne, ces pics rocheux enneiges, les lacs parmi les plus hauts du monde sur le bord desquels les yourtes sont montées, et surtout ces hommes éleveurs et cavaliers font du Kirghizstan un pays admirable et inoubliable.
C'est en compagnie de Catia, Anouk et Mathieu, quator de choc, que j'ai eu la chance de rencontrer à Osh, que nous avons grimpé les montagnes à pied ou à cheval profitant pleinement de l'humour québécois de Mathieu. Nous avons vu les belles montagnes de Arslambob et de Karakol, vu les lac Issy Kol et Son Kol, le dernier entoure de montagnes et de prairie immenses remplies de chevaux et de troupeaux que nous avons atteint apres 2 jours de marche.
Je les ai laissés à Bishkek non sans tristesse pour poursuivre mon voyage en direction de la Chine.
2 commentaires:
Salut Arnault,
Encore de magnifiques paysages, encore plus beaux et sauvages, et encore bien différents.
J'ai pensé à toi vendredi il y avait une double page dans Libé sur le train que tu as pris en Ethiopie pour rejoindre Djibouti, on y retrouvait les vendeuses qui font leur traffic, le qat, etc... mais en le lisant moi j'avais l'impression d'avoir déjà fait le voyage avec toi.
Nous sommes suspendus à tes lignes, impatients de lire "ta" KKH.
Big biz,
Mathilde
tout pareil que mathilde !
je t'embrassse fort
Sibylle
PS : quel tripe !
sibylle
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