A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

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dimanche 15 avril 2007

Yemen : Autour de Sanaa, du 7 au 9 avril




« Iss pochble, iss pochble », dit Hassan au volant de sa Toyota en se balançant de gauche à droite sous une musique aux sons de flûtes stridents diffusée par un autoradio de mauvaise qualité.
Nous sommes partis pour trois jour de Sanaa pour visiter l’arrière pays, ses montages et ses villages. Hassan est notre chauffeur. Pas loin de la soixantaine, il a tout du playboy et du flambeur, le visage anguleux, rides profondes mais peu nombreuses, nez busqué, et cheveux poivre et sel. Il a conservé son allure de jeune homme et son enthousiasme, il a le sourire des hommes aimés de tous. Il vécut en Arabie Saoudite, d’où il fut expulsé comme tous les yéménites en 91 suite aux positions du Yémen en faveur des Irakiens. Il est alors rentré au Yémen, a acheté cette voiture, épousé une deuxième femme et eu en tout 14 enfants.
Comme tous les yéménites du nord, il est vêtu d’une djelaba avec un col de chemise, une veste de costume un peu trop large aux épaules et d’un Jambiah, poignard courbe dont le manche est incrusté de cuivre et d’argent, il est maintenu par une large ceinture brodée de fils couleur or. Tous les hommes du Nord des leur plus jeune age en portent un. La forme et l’emplacement définissent la classe sociale et parfois la fonction.

« Iss pochble, iss pochble », répéta Hassan. Il nous fallu quelques minutes pour comprendre qu’il nous expliquait les différentes options possibles pour l’après-midi, mais il nous fallu pas plus de temps pour comprendre que la seule reelle option était de passer l’après-midi sur des matelas à mâcher du qat.

Tout le Yémen vit au rythme du qat. Les hommes travaillent le matin jusqu'à une heure puis déjeunent enfin s’allongent là ou ils peuvent, en groupe si possible, pour ruminer pendant plusieurs heures cette même feuille que les djiboutiens affectionnent aussi. Le pays rentre alors en léthargie, pas un seul magasin ouvert, pas une voiture, pas un camion sur les routes, tout le Yémen part à la recherche de ce sentiment de bien-être éveillé procuré par le qat.


Nous avons visité chaque matin en voiture ou en randonnée en pleine montagne de magnifiques villages au pied de falaises ou perchés sur des pics comme des nids d’aigle. Ils ont la couleur de la roche oscillant entre ocre et gris. Les façades sont décorées par des agencements de pierres aux motifs orientaux et par des fenêtres aux vitraux colorés. Chaque village possèdent plusieurs bassins retenant l’eau des pluies dans lesquels se reflètent les belles façades ou les montages qui les dominent. Les paysages sont impressionnants, canyons, et montagnes sculptées de restanques. Pas un lopin de terre accessible n’est pas cultivé, la montagne est conquise mètre après mètre, un véritable travail de titan bien surprenant aux regards de activité journalière des yéménites.
Après ces matinées actives, nous étions alors reçus dans les hôtels par un copieux déjeuner fait de Salta, de salade, de poulets grillés et de délicieux gâteaux au miel.

Le repas terminé, nous nous retrouvions une touffe de qat à la main avachis sur nos coussins, Hassan prenait toujours soin de trouver du bon qat aux tiges et feuilles tendres

A la différence des éthiopiens, les yéménites ne l’avalent pas mais le mâchent indéfiniment, créant ainsi une énorme boule sous la joue. Sur la route entre Taez et Sanaa, j’avais été frappé de voir tous les hommes jeunes ou vieux et même les enfants avec cette excroissance sous la joue.
Alors on mâchouille, on ajoute une nouvelle feuille quand le goût acre a disparu. Le qat donne envie de fumer, alors on fume une cigarette, on mâche, on fume une chicha aux parfums artificiels de fruits exotiques, on mâche sans relâche et on fume encore. Puis au bout d’une heure ou deux, les premiers effets se font sentir, on est très éveillé et lucide mais tout le corps se décontracte pris dans une espèce de léthargie douce et voluptueuse. Toute le monde devient ami et on se complimente réciproquement. Pour les novices comme nous il est impossible de dormir, pour Hassan, s’il y de la musique il se met à danser comme un automate, les yeux fermés sous les regards amusés de l’assistance.
Nous sommes rentres à Sanaa, fatigues par les insomnies, la bouche pleine d'aphtes, la tete pleine de nouvelles images et contents d'avoir partagé avec Hassan et ses amis ces moments.



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