A mes très chers grand-parents, Georges et Christiane de Quillacq.
"N'ayez jamais peur de vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hazard, à la chance, à la destiné, partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres expériences, le reste vous sera donné de surcroît." Henri de Monfreid.

Le Voyage

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L'Itinéraire présumé. Tout peut changer

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jeudi 5 avril 2007

Addis Abeba Djibouti Saana : du 30 arvil au 1 arvil



L'objectif était d'arriver le 3 avril à Sanaa, j'ai du raccourcir mon voyage dans le sud de l'Ethiopie, prendre un avion vers Addis et tenter d'obtenir mon visa pour Djibouti en un temps record. J'ai décollé de Arba Minch pour Jinka dans la vallée de l'Omo, là où nous étions quelques jours plus tôt. Nous rêvions de voir un avion atterrir sur cette piste au milieu du village qui servait de terrain de foot en temps normal. Nous avons ensuite pris la direction de Addis.

Arrivé trop tard pour déposer ma demande de visa, je suis retourné le lendemain matin à l'ambassade de Djibouti, et ai obtenu mon visa dans la journée. Pendant mon déjeuner, j’ai rencontré un éthiopien de Dire Dawa qui m'a conseillé de partir le soir même en minibus et m'a expliqué où trouver ces minibus utilisés par les gens de la région uniquement. A peine mon visa dans la main j’ai embarqué au fond du minibus, les genoux dans le menton pour 12h de trajet jusqu’à Dire Dawa en passant par Harar, ville à l'architecture mauresque que je n'ai aperçue que dans la pénombre du matin.
Je suis arrivé épuisé à Dire Dawa prêt à aller me coucher mais un vieil homme m'a conseillé d'attendre 10h pour voir si un train partirait le jour même. Il y avait 5 jours qu'aucun train n'était parti et coup de chance, à 25h j'embarqué pour Djibouti à bord du train le plus fou ainsi nommé par les djiboutiens.
La locomotive a été changée 2 fois mais doit dater des années 70, mais les wagons sont les mêmes qu'en 1917. Il ne reste que les armatures des banquettes de bois, le sol est jonché de déchets, la peinture a disparu depuis bien longtemps. Un petit vieux moyennant pourboire m'installe dans le dernier wagon à coté du responsable de la sécurité qui ne bougera pas de sa place et broutera du qat pendant toute la durée du voyage.
Les voyageurs sont pour 90% des femmes, des commerçantes qui pratiquent le trafic du qat entre l'Ethiopie ou il est produit et Djibouti ou il est revendu 10 fois plus cher.
Djibouti consomme 4 tonnes de qat par jour qui arrivent par le vol de 14h, le reste au marché noir par le train ou par la route.
Ces femmes enroulent le qat dans des pagnes autour de la taille et du dos en espérant ne pas être fouillées, la taxe leur ferait perdre tout le bénéfice de la vente.
Le train mettra 23 heures pour faire les 310 kilomètres qui séparent Dire Dawa de Djibouti, s'arrêtant dans tous les villages, embarquant de nouvelles marchandises et de nouvelles femmes a la taille gonflée de qat. La nuit les passagers s’allongent à même le sol ( en fait la meilleure place), il y aura sous moi une femmes et un petit vieux séché par la vie.
Le passage de la frontière est inouï, la moitie de ces femmes n'ont pas de papier, c'est alors des cris et des pleurs, elles seront parquées dans un hangar puis relâchées juste avant le départ du train, c'est une sorte de cinéma à l'issue certaine que tout le monde semble connaître et joue son rôle.
A partir de la frontière, le marché commence à chaque arrêt du train, des Djiboutiens tentent de négocier les prix à la baisse, ces femmes sont des vraies femmes d'affaire. Je me souviens d'une qui devait avoir 60 ans, le visage buriné par une vie sous le soleil aride, vêtue dans un sari jaune et la tête couverte par un foulard noir, une cigarette dans la bouche, les billets dans la main et une dizaine d'homme autour d’elle tentant de négocier. Le regard satisfait de cette femme au départ du train, montrait que les affaires avaient été bonnes.
Durant le voyage un éthiopien de 50 ans, homme de près d'1 mètre 90 et mince, m'a expliqué tout le trafic du qat et m'a aidé à passer les postes frontières rapidement. Je dois reconnaître que je n'ai eu aucun problème et les douaniers ont tous été courtois d'un coté comme de l'autre, les Djiboutiens me souhaitant bienvenue à la maison.

Djibouti a conservé l'allure de la ville française d'outre mer, la ville est toute blanche et assez propre ( en tout cas le centre ville), il y fait déjà à cette époque une chaleur étouffante. La mer est horriblement chaude et ne rafraîchit pas. Je n'ai pas résisté à une nuit au Sheraton en y arrivant pour tirer de l’argent après ces deux nuits sans sommeil. La mer est horriblement chaude et ne rafraîchit pas.
Un fois reposé de ce voyage, je pars à la recherche d'un boutre pour le Yémen il me reste 2 jours pour rejoindre Sanaa. Un boutre doit partir dans l'après midi avec un cargaison de vaches, juste le temps de manger un poisson à la mode yéménite chez Yousouf, le poisson est ouvert en deux et cuit dans un four de terre, c'est un régal.
Malheureusement le boutre ne partira pas le soir même mais seulement le lendemain. J'ai donc passe une nuit de plus a Djibouti, les hôtels étaient remplis de marin de la Jeanne d'Arc et du Georges Lègues, les prix avaient flambe en une journée et les vendeurs de toute sorte et les racoleurs de cabaret avaient commencé la chasse au matelot français.
Le soir les rues se sont remplies de marins parfumés de mauvais parfums et rapidement imbibés d'alcool, ils poursuivront leur beuverie le lendemain à la vodka et à la bière. La conversation de comptoir avec eux était sympa mais j'ai rapidement abandonné, oubliant la visite de mamie fanta...
Le lendemain, je trouvé sur le quai un couple d'anglais, Anna et Jeremy qui arrivaient de Cap Town avec une Mercedes vieux model. Anna était médecin dans le plus grand hôpital de Johannesburg ( plus grand d'Afrique), elle y a passé près d'un an mais pas pour une ONG. Elle m'a fait une description des ONG qui a confirmé mes impressions.
Le chargement des vaches puis des deux voitures sur le boutre a été rocambolesque, Anna a supervisé ça d'une main de fer sous les regards impressionnés des passants et des équipages voisins venus admirer le spectacle.
Nous sommes partis vers 19h après une dernière bière sur le port. Une famille de yéménites avec 10 enfants qui venait de fuir Mogadiscio laissant tout dernier eux à l’exception de quelques bijoux et de deux valises. Faisaient parti du voyage.
La traversée a été magnifique le vent dans le dos et la pleine lune, délicieux foul à bord pour le dîner et le petit déjeuner. Nous sommes arrivés à Moka a 10h du matin sous une tempête de sable. Moka est un port désolé qui en effet n’a plus aucune trace de ses splendeurs passées.

Apres les formalités douanières, toujours longues et complexes dans ces pays mais toujours aimables et accueillant, la famille m'a embarqué dans leurs valises pour Sanaa, 2 heures à 15 dans une 504 break avec le moteur sous les pieds suivis de 8 heures de minibus.
Je suis arrivé à Sanaa, retrouvé Lionel et heureux d'avoir traversé la mer rouge en boutre et pris le train le plus fou !

4 commentaires:

GH a dit…

Halala Arnault,

Moi qui pensais que tu réussirais ton pari de ne jamais prendre l'avion...

En cas, tout ça, ça me fait rêver, voyager dans des lieux où le concept de télécom se limite à une paire de chaussures...

Vivement la suite !

@+
Guillaume H

christilla a dit…

c'est vraiment terriblement passionnant,je te suis jour aprés jour,merci encore.sylvain tesson peut aller se rhabiller et j'espére que tu vas nous faire un livre ou vendre ce voyage à un journal.je t'embrasse trés fort.
christilla de la.

Anonyme a dit…

Salut à notre reporter ss frontières!

Tu nous embarques ds de belles aventures...Ha oui, je me suis inscrite au club des globetrotteuses virtuelles en attendant de mettre la main sur la formule magique qui fait passer à travers le miroir!
Bises, amusez-vous bien,

Marie Hebert

Anonyme a dit…

Mais qu'est ce que le Qat ? Quels effets cela procure et de quelles sensations ça peut se rapprocher ?

Tes récits sont toujours aussi palpitants, je guette la mise a jour de ton blog pour m'en delecter.

Je t'embrasse, prend bien soin de toi

Isabelle